C’est avec les références de la 1600K que les premiers hectomètres s’effectuent. La piste est encore sacrément humide et le pilote pas encore…humide. Ca viendra. Dès les premiers tours de volant, on sent une direction nettement plus facile que sur sa petite sœur. Le carrossage visiblement négatif aide. D’ailleurs, pour résumer, on peut avancer que l’auto est en tous points plus facile. Sauf peut être à aller chercher les limites, ce dont je me sens bien incapable !

Essai - Caterham CSR 260 : comme un lion en cage

La progressivité des commandes et l’homogénéité de l’auto sont plus que correctes pour un engin destiné à la piste. Les premières minutes consacrées à faire connaissance ne laisse rien transparaître tant que votre semelle droite joue les timides. A vitesse mesurée et en slick sur piste grasse, la CSR parait même moins sous-vireuse que la 1600K. Mais il faut rapidement arrêter de jouer les timorés, nous vivons à l’époque du speed-dating et on n’a pas la matinée non plus pour faire causette avec CSR. Donc, c’est gaz.

Et là, le petit matou à la gueule féroce, quoique un peu archaïque, se mue en gros lion. En cage certes, mais sachant rugir haut et fort si on le titille. La première erreur en CSR 260 lorsque vous évoluez sur du « gramouillé », c’est de vous croire en ligne droite un peu tôt. Là où, avec 140 ch de moins sous la pédale, vous mettiez pied au plancher, vous vous retrouvez maintenant avec la CSR 260 en équerre, les bras croisés, le volant en butée de contre-braquage et les neurones tout secoués. Vous êtes dorénavant de l’autre côté du miroir, dans une réalité nouvelle où la souplesse de votre cheville prend une grande importance.

Essai - Caterham CSR 260 : comme un lion en cage

Doser un accélérateur dans notre quotidien ne veut plus dire grand-chose. Dans des véhicules diesels bardés de puces sécuritaires, de moins de 150 ch et de plus d’1,5 tonne, il est vrai que la pratique du ON-OFF ne porte pas à conséquence. Pour maîtriser un CSR, votre attention doit se porter sur le volant mais aussi et surtout sur vos orteils droit. On comprend à ce moment l’inexactitude du sens actuel de la formule « conduire comme un pied ». Vraiment, le pied c’est très important ! Au fur et à mesure des tours, vous retrouvez une sensibilité et une mobilité de l’organe que vous n’imaginiez pas. Une fois acquise cette précision, les trajectoires deviennent moins brouillonnes, les glissades sont plus maîtrisées et plus jouissives car moins subies.

Le freinage est lui aussi nettement plus facile qu’avec la petite sœur. Le talon-pointe est très utile pour garder l’auto en ligne lors des gros ralentissements. Par bonheur, il s’effectue avec une aisance que seules les voitures de course procurent. La stabilité est plus grande grâce notamment aux voies plus larges et les transferts de masses sont plus facilement ressentis et donc désormais utilisables pour placer l’auto. Bien sûr, le peu d’adhérence de la piste offrait certainement une perception un peu faussée de l’engin mais la CSR 260 semble très réactive. Quasiment comme une monoplace, le confort en plus. Elle se place aisément sur les freins, sous-vire si vous ré-accélérer trop tôt, sur-vire dès que vous rajoutez un peu plus de gaz, elle répond au lever de pied comme un Caporal aux ordres de son Lieutenant et arrive même à être stable dans les grandes courbes à vitesse moyenne. Tout ça, sans omettre de vous pousser les yeux au fond des orbites à chaque bout de droit dans un rugissement plus motocycliste que réellement automobile. Pas sûr qu’une monoplace soit plus impressionnante.

Essai - Caterham CSR 260 : comme un lion en cage

Le plaisir est là. malgré des performances sismiques, la CSR 260 sait se mettre à votre portée pour amuser la bleusaille du volant. L’appréhension légitime qui vous étreignait avant de monter à son bord s’évanouit à mesure que vous découvrez son caractère sain et téléphoné, notamment aux allures relativement moyennes auxquelles nous avons évoluées.

Après en avoir discuté avec quelques habitués, il apparaît que les slicks conjugués à une piste sèche augmentent nettement l’adhérence et les remises de gaz plus faciles rapprochent son pilotage de celui d’une monoplace. Elle demande alors une précision du geste et une propreté des trajectoires très rigoureuses pour « faire un temps ».

Dire que les anglais l’utilisent quotidiennement ….