Que la fête commence

La fête débute le 1er décembre sur l'autodrome de Buenos Aires. Elle va se prolonger sous un soleil de plomb pendant près d'un mois et elle sera somptueuse. En dépit d'une saison longue et parfois pénible, les pilotes européens ne sont pas simplement venus faire du tourisme. Les Dino Ferrari de Brambilla et de Adamich revigorées par le climat (ou peut être par des moteurs 2000 cm3 au lieu de 1600 selon une méchante rumeur) se taillent la part du lion avec trois succès en quatre courses. Nettement plus puissantes que leurs rivales, elles ont dominé les débats, mais ne les ont pas écrasés. Rindt, le multi-champion du monde virtuel de la F2 fit mieux que résister, les Matra de Beltoise et Pescarolo, récentes championnes d'Europe handicapées par des problèmes mineurs se réveillèrent en fin de tournoi, tandis que les Suisses Siffert et Regazzoni firent le spectacle en multipliant les glissades de leur Tecno et qu'enfin Piers Courage atteignit la consécration en enlevant la dernière épreuve de la série.

Le public ne s'y trompa pas et vint par dizaines de milliers remplirent les tribunes aussi bien pour les essais que pour la course faisant de cette Temporada un immense succès. Les promoteurs qui firent aussi un sans faute tant au plan de la sécurité, de l'organisation et du traitement plus que haut de gamme de ses invités avaient tout lieu d'être satisfaits. L'Argentine aurait bientôt son Grand Prix de Formule 1 selon les observateurs de la Fédération Internationale qui exigèrent tout de même d'importants travaux de rénovation de l'autodrome de Buenos Aires. Pourtant, cette satisfaction se teintait d'amertume. Ils n'avaient toujours pas trouvé "leur" pilote de F1. La précarité de la préparation des voitures confiées aux pilotes locaux, le manque de souffle de leur moteur ne suffisent pas expliquer leur comportement plus que discret. Si certains avaient pu faire illusion en F3, la confrontation en F2 avec quelques unes des stars du moment effectua un véritable écrémage et fit entrevoir le gouffre les séparant des Européens. Si le chemin était encore long, cette "finale d'école de pilotage" grandeur nature n'était toutefois pas totalement vaine.

Quatre ans plus tard, lors du premier GP d'Argentine organisé depuis 1960, Carlos Reutemann hissera sa Brabham en première ligne aux côtés d'un certain Jackie Stewart, double champion du monde. Il restera dix ans en F1, pilotera pour Ferrari, deviendra l'idole de tout un peuple, tutoiera le titre mondial mais... ne remplacera jamais Fangio dans les cours des Argentins.

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