C'est une question qui doit se poser avec insistance voire même urgence selon Jose Manuel Barroso, le président de la Commission Européenne. Si le combat contre le réchauffement de la planète implique que nos autos deviennent moins gourmandes, il s'avère également que la dépendance au pétrole engendrera un chamboulement géopolitique et stratégique majeur si rien n'est fait.

Au niveau européen, l'énergie revient en première ligne des discussions et des négociations.

Le problème majeur qu'entrevoit Javier Solana le porte parole de la diplomatie européenne est que la dépendance de plus en plus grande envers le pétrole (50% aujourd'hui et 70% bientôt si rien ne change) entraine la mise en place de politiques étatiques unilatérales visant à garantir l'approvisionnement en pétrole de nations en particulier.

Si chaque des pays de l'Union oeuvre pour "sa pomme" exclusive, Javier Solana met en garde contre le risque de marginalisation de l'Europe en tant qu'entité.

Le problème est que les pays détenteurs des plus grandes réserves sont souvent instables ou dictatoriaux. Le besoin de se prémunir contre tout risque de pénurie de pétrole conduit les états européens à adopter des attitudes en totale contradiction avec les engagements éthiques de l'Union. Pire, ils n'hésitent pas à entrer en concurrence avec leurs voisins européens dès lors qu'il faut traiter avec des puissances pétrolières.

De plus, la croissance faramineuse de la Chine et de l'Inde et les besoins en énergie qui en découlent amènent ces pays à protéger des régimes guère respectables comme ceux du Soudan et de la Birmanie. Tout cela pour ménager des producteurs de pétrole susceptible de pallier à toute baisse des approvisionnements ultérieurs.

Le fait que les besoins énergétiques prennent le pas sur tout le reste est un risque réel. S'ensuivrait une désorganisation mondiale guère rassurante. Les pays aux régimes répréhensibles se servent de ce basculement comme d'un bouclier face aux pressions internationales.

Pour espérer sauvegarder un minimun d'ordre et d'éthique, l'Europe doit s'unir dans le domaine énergétique et ne plus agir en fonction d'intérêts particuliers. C'est le seul moyen pour qu'elle soit crainte et entendue.

Bref, faire des voitures économes en essence n'a pas qu'une portée essentiellement écologique. Cela va bien au delà.

source Reuters via autoactu