Une nouvelle C5 en vue ? Ils ont dû fumer de l'Aspirine à Vélizy pour la concevoir. Rien que d'y penser, j'ai mal au crâne.

D'abord, pourquoi remplacer la bourgeoise C5 alors que ce rôle est désormais dévolu à la marque DS ? Une C5 façon Cactus alors ? Le concept "voiture essentielle" de celle-ci est-il soluble dans les 4,70 m d'une voiture à 25 000 € ? Est-il compatible avec celui parfaitement antagoniste du SUV, piste évoquée par Linda Jackson ? Si le marché de la berline familiale est mort, celui du SUV n'est-il pas encombré ?

Je me demande s'il n'y a pas mieux et surtout plus urgent à faire pour Citroën que de remplacer sa C5 par un machin dont le cahier des charges résume à lui seul la crise existentielle de la marque.

La Citroën à renouveler d'urgence, c'est pourtant évident, c'est la 2CV !

La deuche a toujours été le pendant de la DS dans la mythologie des chevrons. Aujourd'hui que DS est une marque à part, seule une nouvelle 2CV peut redonner à Citroën, sa légitimité et son identité. Un pari fou ? Très raisonnable au contraire.

 

Fiat 500, Mini, New Beetle… et pourquoi pas une New Deuche ?

 

Déjà huit ans que la Fiat 500 montre la voie du néorétro et se vend comme de la brioche. La Mini et la Beetle –aux Etats-Unis en tout cas - également. Côté motos et scooters aussi, la nostalgie se vend bien : Ducati Scrambler, BMW Ninety, Mash, Triumph Bonneville, Harley Davidson et Vespa sont des succès.

Dans la catégorie "voitures populaires", combien de constructeurs peuvent se permettre de ressusciter une gloire du passé ? On les compte sur les doigts d'une main. La 2CV est la seule petite voiture française connue dans le monde entier, la seule à faire l'objet d'un culte, jusqu'au Japon.

D'ailleurs, si on demandait par sondage aux Européens quelle Citroën ils adoreraient posséder, il est certain qu'une 2CV "état concours" aurait plus de voix qu'une Cactus ou qu'une C3 dont elle vaut désormais largement le prix. Plus de voix aussi qu'une C5…


Frugalité, simplicité, malice…

 

Recréer la 2CV a toujours été le tabou de cette marque qui se targue d'innover sans regarder dans le rétroviseur. Tout juste l'ancêtre a-t-elle été évoquée en 2002, au lancement de la première C3, avec quelques traits dans le dessin, la silhouette et le baratin commercial. Avant cela, on ne pouvait pas en parler sans faire tousser chez Citroën. Mamie Deuche y était le modèle à oublier, quasiment la honte de la famille, la grand-tante pauvre chez les bourgeois.

Mais désormais, maintenant qu'une DS n'est plus une Citroën mais une DS, le comble du chic et du chouette dans la gamme comme dans le patrimoine de la marque, c'est la deux-chevaux, que cela plaise ou non.

La nouvelle 2CV, c'est pour quand ?

La faire renaître n'est pas une gageure mais une belle opportunité. L'esprit de la deuche – frugalité, simplicité, malice – colle aux aspirations de l'époque, et surtout à celles de ces acheteurs qu'aucun constructeur ne parvient plus à capter : les moins de 40 ans, majoritairement insensibles à la chose automobile mais pas à la deudeuche.

Comme la 500 a sauvé Fiat, une 2CV bis redonnerait à Citroën sa place sur le marché.

Pour cela, il ne faudrait pas se contenter de coller un vague style "deux pattes" à une resucée de la C3. La "new deuche" devrait vraiment ressembler à l'originelle, avoir des ailes et des fesses, des phares séparés et un pare-brise plat, sa silhouette et sa dégaine, le tout modernisé, comme la Fiat 500 ou la New Beetle qui évoquent leurs mères au premier coup d'œil. En prime, elle pourrait en toute légitimité surfer sur la vague SUV, la 2CV ayant été le premier tout chemin populaire...