Soïchiro Honda est un élève médiocre mais créatif. A dix ans, il sait construire des vélos. A 16, il dépose son premier brevet. A 22, il créé un atelier de mécanique. Ayant fait de l’innovation son credo, créateur exceptionnel, capable de bouleverser toutes les idées reçues, il réussira à fonder en un temps record un véritable empire industriel.

La saga Honda

Passionné de mécanique, ce touche-à-tout génial ne rêve que d’inventions, se régale du bruit des moteurs et s’enivre de l’odeur forte de l’huile de ricin. La forge familiale, plus tard transformée en atelier de cycles, a été sa seule école.

Élève médiocre mais cancre épanoui et créatif, il passe le plus clair de son temps au milieu de ses chers morceaux de ferraille. À dix ans, construire ou rendre plus performante une bicyclette n’est déjà plus qu’un… jeu d’enfant. À 16 ans, il dépose un premier brevet, à 22, il ouvre un petit atelier de mécanique. Peu après, il se lance dans la course automobile. Il rêve de construire un moteur capable de supporter de hauts régimes mais il bute sur des problèmes théoriques. Conscient de son manque de connaissance technique, l’ex-cancre profite alors de son repos forcé pour suivre des cours à l’université technologique de Hamamatsu.

Un surdoué anti-conformiste

Plus âgé que ses congénères, vêtu le plus souvent d’un bleu de chauffe, le nouvel étudiant ne s’attire que le mépris de ses professeurs et, au bout de quelques mois, il est tout bonnement renvoyé. Qu’importe, ce surdoué anti-conformiste a acquis des connaissances théoriques suffisantes qui lui permettront plus tard de dialoguer avec les meilleurs ingénieurs.

Peu après, en 1937, il fonde une société spécialisée dans l’usinage de segments de piston pour des moteurs à haut rendement. La guerre va lui apporter la fortune, puis tout lui reprendre. Sa petite usine a été l’une des cibles des forteresse volantes et, comme la majorité de ses compatriotes, Soïchiro Honda a tout perdu. Dans un pays dévasté où la presque totalité du parc automobile a été détruite, il a alors l’idée de doter ses compatriotes d’un mode de locomotion rustique mais efficace et bon marché : il monte un petit moteur deux temps sur la roue arrière d’un vélo.

Premier constructeur mondial de deux-roues

Honda

Les clients accourent rapidement pour se procurer l’engin miracle et, trois ans après la fin des hostilités, il fonde la Honda Motor Company. Mille exemplaires sont produits chaque mois dès 1948 et, l’année suivante, il lance sa première moto animée par un moteur 100 cm3 de sa conception. La jeune société prospère d’autant mieux que Soïchiro Honda, piètre gestionnaire, vient de trouver en la personne de Takeo Fujisawa le parfait associé. "Sans lui, je n’aurais été qu’un clochard ingénieux", se plaisait-il à répéter. Leur complicité sera totale, au point que les deux hommes prendront, sans se consulter, leur retraite le même jour !

Entre-temps, Honda sera devenu en moins d’une décennie le premier constructeur mondial de deux-roues et collectionnera tous les succès dans les compétitions internationales de motocyclisme.

Passage sur quatre roues

C’est au salon de Tokyo, en 1962, que Honda présente sa première automobile. Il s’agit encore d’un modeste utilitaire animé par un moteur de 360 cm3 qui emprunte la majorité de ses composants à la moto, y compris sa transmission par chaîne. Un petit cabriolet, plus séduisant, voit le jour deux ans plus tard, mais c’est avec la S 800 que le constructeur japonais suscite les premières passions occidentales.

Honda

Présentée en coupé ou en cabriolet, la S 800 séduit par le brio de sa mécanique et ses tarifs ultra-compétitifs. Elle vaudra un immense succès de prestige à Honda, malgré une fiabilité parfois aléatoire et un service après-vente inexistant. Avec un premier modèle exporté, Honda assoit ainsi sa réputation de constructeur automobile audacieux et exotique. Une réputation d’autant plus flatteuse que la marque enlève dans le même temps son premier succès en Formule 1 face à des constructeurs aussi réputés que Ferrari ou Lotus.

La Civic change la donne

Honda

Délaissant les mini-voitures à l’aube des années soixante-dix, Honda va atteindre la maturité avec la première gamme Civic. Lancée en 1972, encore modeste par sa taille et la timidité de ses lignes, la première Civic va donner à Honda sa véritable dimension de constructeur automobile. Fiable, bien construite et répondant aux strictes normes anti-pollution, elle va faire une percée remarquable sur le marché américain avant de conquérir l’Europe.

L’escalade va se poursuivre avec les premières berlines moyennes Accord en 1976, puis les hauts de gamme Prelude en 1978. Sérieusement construites, pleines de brio avec leurs mécaniques multi-soupapes, ces voitures vont ensuite se parer de silhouettes inédites et séduisantes, conçues dans les meilleurs bureaux de style californien. Originales et brillantes, les Honda vont se tailler de très jolies parts de marché en Europe et aux Etats-Unis, soutenues par d’innombrables succès en Formule 1. Le plus petit des grands constructeurs japonais, loin, très loin des productions de Toyota, Nissan et Mazda, est sans doute le plus célèbre et le préféré des Européens.

Lire aussi :