Pendant des décennies, la vie de la firme suédoise s'est écoulée comme un long fleuve tranquille. Cultivant une image de sobriété, de sécurité et de robustesse, à défaut d'originalité, Volvo, qui signifie "je roule" en latin, a été longtemps une référence pour les automobilistes "sages". Mais depuis quelques années, les plus méditerranéennes des suédoises se dévergondent. Moteurs, style, tout bouge dans l'antre de Göteborg. Pour le plus grand plaisir des amateurs de Volvo.

La saga Volvo

C'est en 1925 que deux ingénieurs Assar Gabrielsson et Gustaf Larsson ébauchent le projet de doter la Suède d'une industrie automobile nationale. Un véritable défi. Le contexte est dissuasif à plus d'un titre : échec des précédentes tentatives industrielles, concurrence sévère des importations, notamment américaines, rigueur du climat et un réseau routier embryonnaire…

La détermination des deux hommes, conjuguée à la prospérité du pays qui a su préserver sa neutralité pendant le premier conflit mondial… tout en vendant des matières premières aux belligérants des deux camps, va cependant balayer les obstacles.

Gabrielsson réussit à inciter le puissant groupe suédois SKF (roulements à billes) à soutenir et à financer le projet. SKF convaincu met l'une des ses usines à la disposition des deux hommes et finance sans réserve l'installation des premières chaînes de montage. Les premiers prototypes sont construits en 1926 et la commercialisation démarre l'année suivante sous la marque Volvo ("Je roule" en latin), une ancienne filiale de SKF mise en sommeil en 1920 pour cause de rentabilité insuffisante.

Lancée en avril 1927, la première Volvo s'inspire largement de la Ford T qui connaît un gros succès dans le pays. Simple, rustique et solide, cette voiture populaire, rapidement surnommée Jakob par les ouvriers, ne reçoit d'abord qu'un accueil… frileux. Une décapotable est, en effet, utilisable peu de jours par an sous le climat scandinave. Un faux pas rapidement corrigé par la commercialisation d'une berline l'année suivante, puis par la mise en production d'une gamme de modèles à moteur 6 cylindres qui seront cédés aux principales compagnies de taxis du pays. L'entreprise malgré son succès conserve une taille qui n'en fait encore qu'un "artisan de l'automobile" comparée aux géants américains et même français de l'époque.

Premier pare-brise feuilleté au monde

Ce n'est seulement qu'après la seconde guerre mondiale que Volvo prend véritablement son envol avec le lancement de la petite berline PV 444. Première voiture de série au monde dotée d'un pare-brise feuilleté, cette solide petite berline aux lignes arrondies sera aussi la première à séduire la clientèle américaine. L'exportation vers les Etats-Unis sera bientôt la clef de la prospérité de la marque qui devient dans le même temps, le fer de lance de la sécurité passive. Séduisant les familles américaines avec ses croisades pour la sécurité, Volvo n'hésite toutefois pas à jouer sur tous les tableaux en se donnant une image sportive en Europe.

Ainsi, les PV 544 d'abord, puis les 122 S "Amazone" vont régner longtemps sur les rallyes hivernaux tandis qu'un certain Simon Templar, dit "Le Saint", fera une superbe promotion pour un coupé plus esthétique que vraiment sportif.

A partir du milieu des années soixante, la politique de Volvo sera plus cohérente et plus restrictive en se fondant uniquement sur la sécurité et en cultivant une image de robustesse. Dès lors, les gammes vont se décliner sans grand bouleversement et surtout sans grande originalité esthétique. Sages et aussi profilées que des boîtes à chaussures, les Volvo vont pourtant séduire à travers le monde une vaste clientèle bourgeoise et familiale. Rattrapées puis dépassées par la concurrence en matière de sécurité, de garantie mais aussi de fiabilité, notamment sur les petits modèles, les voitures suédoises vont voir peu à peu leurs ventes s'effriter. La venue tardive à la traction avant, le montage encore plus tardif de trains roulants modernes et enfin l'échec d'une fusion avec Renault mettra provisoirement un terme à la prospérité de la firme à la fin des années 80. Une profonde restructuration de la gamme avec l'apparition de nouveaux modèles enfin séduisants et plus modernes sur le plan technique relancera la marque qui se positionne désormais dans les hauts de gamme. Enfin, le rachat de l'entreprise par Ford en 1999 a définitivement sorti Volvo des problèmes financiers.

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