Avant de revenir plus en détail sur les chances des écuries et pilotes français lors des 24 Heures du Mans 2009 (qui se dérouleront le week-end des 13 et 14 juin) attardons-nous un instant sur l’engagement peu commun, de « l’opération commando » d’une Peugeot 908 par Pescarolo Sport.

Pescarolo Sport a changé de mains en début d’année et de nouvelles opportunités se sont présentées à l’écurie dirigée par Henri Pescarolo. Ce qui nous vaut cette année l’engagement d’une Peugeot 908 et d’une plus classique Pescarolo à moteur Judd par l’écurie Pescarolo Sport.

« Sa Peugeot », Pescarolo Sport l’a touché relativement tard. Et le travail ne manque pas pour préparer au mieux l’auto qui sera pilotée par le trio tricolore Jean-Christophe Bouillon, Simon Pagenaud, Benoît Tréluyer et qui pourrait s’immiscer dans la bagarre entre les Peugeot officielles et les Audi R15

Cette préparation est notamment passée par des essais fin mai sur le circuit de Magny Cours, que Wilfried avait évoqué. Mais tout avait débuté un peu plus tôt… La veille de l’Ascension, la 908 toute carbone arrivait à l’atelier sarthois de Pescarolo Sport, prête à recevoir ses nouvelles couleurs. Deux jours plus tard, l’ensemble de l’équipe technique et les pilotes prenaient possession de la 908 HDi FAP sur le circuit de Magny Cours. Le soleil de la partie, sous la direction de Claude Galopin, directeur technique de Pescarolo Sport, et de Jean-Marc Schmit, concepteur de tous les systèmes et de l’électronique de la 908, superviseur de l’opération, le travail pouvait commencer.

Les objectifs de cette prise en main étaient multiples. Pour les pilotes, Simon Pagenaud et Jean Christophe Boullion, pas de problème ; l’un avait déjà gagné une course à Spa pour Peugeot Sport, l’autre avait participé à un test d’endurance avec l’usine au Circuit Ricard. Par contre Benoît Tréluyer, tout juste arrivé du Japon, devait se familiariser avec la conduite très spéciale d’une voiture diesel.

Pour les ingénieurs et les mécaniciens, il s’agissait de découvrir la 908. L’ensemble de l’écurie a été bluffée par la puissance qui autorise des appuis aérodynamiques énormes. Les pilotes se sont relayés au volant pendant deux jours. Claude Galopin a commencé à balayer quelques réglages. Aucun problème n’a perturbé ces premiers essais. Tout semble rouler pour le moment, donc. Vivement la semaine prochaine !

Laissons la parole, pour terminer cette news, à Benoît Tréluyer : « La première journée fut consacrée au rodage de pièces et à la prise en main. La Peugeot est une voiture fermée avec un angle de vision très refermé ; ce qui n’a pas facilité la tâche. J’ai terminé cette première journée sur la défensive car nous n’avions pas le droit d’attaquer et de monter sur les vibreurs. Par contre, le lendemain, on m’a dit de me lâcher et là, c’était bon. Je me suis vraiment rendu compte du potentiel de l’auto qui est très stable et qui te permet d’attaquer fort. En fait, le plus dur va être de mémoriser tous les boutons… Le plus gênant, c’est la visibilité. Comme tu ne vois rien sur les côtés et difficilement dans les rétros, il faudra être très vigilant dans le trafic. L’an passé, quand je voyais évoluer les pilotes Peugeot, je me disais qu’ils devaient avoir une pression de malade pour faire autant d’erreurs. Je crois que je viens de comprendre les vraies raisons. Si un concurrent te fait un freinage, tu ne le vois pas. Bon, cela dit, quand tu pilotes une 908, il y a peu de chance que l’on te fasse un freinage... L’autre grosse surprise, c’est le moteur diesel. Comme tu ne l’entends pas hurler, tu arrives à des vitesses très élevées sans t’en rendre compte. Ca désoriente au début. Par contre quelle puissance. Nous avons une belle carte à jouer. Henri a sa façon de voir Le Mans qui est peut-être un peu différente de l’écurie Peugeot et ça peut jouer en notre faveur. Quand on voit ce qu’il a achevé par le passé avec la voiture et les moyens qu’il avait, on peut avoir confiance. De plus, une pareille opportunité, ça ne se présente pas tous les jours et il faut saisir notre chance… »