1/ Premier souvenir des 24 Heures ?

La victoire de la Mazda 787B à moteur rotatif en 1991 ! J’ai quinze ans, je me revois, fasciné, sous la passerelle Dunlop. Ma passion pour Le Mans n’est pas étrangère à ce moment…


2/ Première participation ?

En 2002 avec la Dodge Viper « Equipe de France/FFSA » engagée par Oreca. Mes équipiers sont Jean-Philippe Belloc et Jonathan Cochet. Je crois que j’ai dû rouler plus de 11 heures cette année-là puisque Jonathan avait été victime d’un malaise à cause de la chaleur dans l’habitacle. Nous avons fini 3e de la catégorie.


3/ Meilleur souvenir comme pilote ?

Toujours 2002, le dernier tour dans la Viper. Je termine mes premières 24 Heures avec le sentiment du travail bien fait. Les commissaires qui agitent leurs drapeaux, la foule qui commence à envahir la piste. J’en prends plein les yeux.


4/ Pire souvenir comme pilote ?

L’an passé avec la Peugeot 908 HDi FAP ! Peu après 4h00, alors que nous sommes au niveau des voitures officielles à une belle 4ème place, la voiture décroche brusquement et heurte violemment les rails aux « esses » du Tertre Rouge. Pour la 1ère fois, je ne vois pas le drapeau à damier.


5/ Alençon à deux pas ?

Je ne veux pas me mettre la pression avec cela mais, oui, c’est quelque chose de fort de courir presque à domicile. Pour moi qui passe beaucoup de temps au Japon, quand je vois débarquer mes copains d’enfance et d’école, c’est particulier. La famille sera là aussi !


6/ Henri Pescarolo ?

C’est « Monsieur Le Mans », mais pas seulement ! Henri, c’est un grand bonhomme du sport auto tout court… Il m’a appris beaucoup et m’a permis de vivre des moments d’une rare intensité. Cette année, sur le muret des stands, il y aura le Docteur Ullrich que je découvre un peu plus à chaque nouvelle rencontre. Un autre géant de la course…


7/ Objectif 2010 ?

Faire gagner Audi ! Une voiture hyper compétitive, un bon équipage avec André Lotterer et Marcel Fassler et une motivation sans pareille. Kristensen, McNish et Capello ont un autre historique que nous au Mans et chez Audi, mais nous avons pour nous la fraîcheur de l’inédit !


8/ Préparation 2010 ?

La meilleure que je n’ai jamais eue ! C’est la première fois que je prépare l’épreuve depuis janvier. Normalement, à cette même période, je ne sais même pas si je vais disputer l’épreuve. Les années précédentes, ça se finalisait un mois avant.


9/ La semaine du Mans ?

Elle commence le samedi précédent l’épreuve quand tu prends possession de ta loge, de l’endroit où tu vas dormir et ranger tes affaires. Il faut que tout soit parfaitement organisé pour que rien ne puisse te distraire de ton objectif final.


10/ Le coup d’envoi

Je dirais les vérifs techniques sur la Place des Jacobins. C’est le premier contact avec le public. Là, tu te dis, ça y est, c’est parti…


11/ Premier contact avec Audi ?

Via une amie journaliste qui ne comprenait pas pourquoi personne ne pensait à nous faire rouler en Europe, André Lotterer et moi. A force de le rabâcher aux gens de Audi, ça a fini par déboucher sur un test en DTM il y a deux ans auquel je n’ai pas pu me rendre à cause d’obligations envers Nissan. Ils nous ont rappelé pour parler du Mans en fin de saison dernière.


12/ Première rencontre avec l’équipe ?

Un peu stressant car je voulais bien faire, mais je me suis détendu aussitôt. L’ambiance était à la fois relax et professionnelle. Aucune pression, des choses claires et précises. L’objectif de ces trois premières journées fut de découvrir la voiture et l’équipe en toute simplicité.


13/ Qualités de l’Audi R15 TDI ?

Facilité de conduite, confort du cockpit et simplicité des commandes. Tout est fait pour que le pilote se sente bien et puisse donner son maximum. Un moteur fantastique et très peu de traînée aéro ; ce qui est important pour la perfo.


14/ Le Mans, encore une endurance ?

Oui ! Même si le rythme est très élevé, je crois que la notion d’endurance prévaut toujours comme le montre le fait que ce n’est pas la plus rapide des Peugeot qui s’est imposée l’an passé. Vigilance dans le trafic, recul par rapport aux événements qui émaillent forcément une épreuve aussi longue, il faut savoir aller vite sans trop taper dans la mécanique et en gardant toute sa lucidité.


15/ Les Hunaudières ?

Je n’ai jamais connu la « vraie » ligne droite ! Cela devait être vraiment très long… Les chicanes font aujourd’hui que le challenge n’est plus le même mais quand on sort du virage du Tertre Rouge et qu’on la ligne droite en face de nous, ça fait tout de même quelque chose.


16/ La plus grande crainte ?

Celle de l’accrochage ! Avec les GT, ça peut arriver rapidement…


17/ Pluie ou soleil ?

Soleil, sans la moindre hésitation ! Sous la pluie, à la vitesse à laquelle nous allons avec un Sport-Proto, ce n’est jamais très agréable. D’habitude la pluie ne me dérange pas, mais au Mans je préfère le soleil.


18/ Moments préférés au cours de l’épreuve ?

J’adore la tombée de la nuit. Cette période entre chien et loup, comme on dit. Il se passe plein de choses étonnantes : on voit les gens quitter le circuit, la perception des choses change.


19/ Le sommeil ?

Hors de la voiture, c’est notre première préoccupation : il faut dormir ! C’est pour cette raison que j’aime les longs relais car tu as le temps de faire les choses correctement : bien manger, voir le kiné, dormir et te réveiller tranquillement. En fait, quand tu as trois heures entre deux relais, tu ne dors même pas une heure.


20/ Chasseur ou chassé ?

La position de tête, c’est toujours la meilleure ! On ne contrôle jamais mieux une course que depuis la tête. Et puis, être chassé, ça veut dire que l’on va plus vite…


21/ Relations avec les équipiers ?

On ne doit faire qu’un ! Si la communication n’est pas très bonne entre les pilotes, les informations sont moins précises pour l’équipe et les ingénieurs. Il suffit qu’un pilote change la répartition de freinage sans le dire pour que le suivant se retrouve dans le bac à gravier au premier virage de son relais. Il doit y avoir une communication parfaite et une confiance absolue entre équipiers, sinon ça ne peut pas marcher.


22/ Les ravitaillements ?

Tu peux perdre 7 à 10 secondes suite à un mauvais arrêt au stand ! Dans la vie de tous les jours, ce n’est rien. Au Mans, sur la piste, tu vas mettre tout un relais et des fois plus à les rattraper. Les 24 Heures, c’est aussi dans les stands que ça se gagne !


23/ Départ ou arrivée ?

Je n’ai jamais pris le départ, donc je dirais l’arrivée. Je pense cependant qu’au niveau des émotions, c’est l’arrivée qui l’emporte. Le départ, c’est stressant. L’arrivée, c’est la liesse. Maintenant, ça s’arrête trop vite. Avant on faisait un vrai tour d’honneur. C’était un moment de pur bonheur pour les pilotes. Aujourd’hui, sitôt passé la ligne, il faut se ranger.


24/ Le podium ?

Au Mans, il est à la démesure de l’épreuve ! C’est aussi l’endroit où je veux être le 13 juin prochain sur le coup de 15h00…