Manuel Valls a récemment compris que pour avoir un bilan positif sur sa période de fonction, il lui fallait lui aussi être répressif pour faire baisser le nombre de morts sur la route. Montrer sa volonté dans ce domaine est, il faut bien l'avouer, d'une facilité séduisante pour tout politique qui se respecte et la dernière solution en date est donc de réduire les limites de vitesse afin de réduire la conséquence des accidents. La formule est mathématique, moins vous allez vite et moins vous vous faites mal en tombant. Faudra-t-il limiter la vitesse de déplacement de nos séniors pour réduire le déficit de la Sécurité Sociale ? La question mérite d'être posée…


Arrêtons de plaisanter et revenons aux calculs de Remy Prud'Homme. Pour lui, réduire la vitesse sur les routes et donc ralentir la mobilité des hommes et des marchandises aura certes un impact sur les impacts mais également sur les finances publiques et le volume des échanges commerciaux et par conséquent, la compétitivité des entreprises françaises. Remy Prud'Homme s'étonne de voir que l'annonce de Manuel Valls est faite la même semaine que celle de Jean-Marc Ayraut qui souhaite faciliter la mobilité grâce à un programme d'investissements d'avenir dans les infrastructures de transport. Ou l'art de faire et défaire.


Démonstration


La loi impose d'après notre professeur que l'on mesure l'intérêt d'un investissement de transport en calculant sont impact sur la mobilité et donc le nombre d'heures de transport économisées par année. On sait que le coût du temps par voyageur et par heure est fixé à 15 euros pour le mode routier. L'application d'une réduction de la vitesse peut donc se mesurer :

En 2012, 565 milliards de km ont été parcourus sur les routes de France. En admettant que la vitesse a été de 90 km/h en moyenne, la réduction à 85 km/h engendrera mathématiquement une hausse du temps passé sur les routes de 8,16 à 8,64 milliards d'heures, soit 500 millions d'heures de plus que l'on peut estimer à 7,5 milliards d'euros. Ce coût est une fourchette basse puisqu’une grande partie des heures de route est le fait de camions de marchandises dont le temps passé à rouler revient nettement plus cher, ce qui fait dire à Remy Prud'Homme que le coût de la réduction de la vitesse se situerait autour des 8 à 9 milliards d'euros par an.

Ce coût de 9 milliards par an doit ensuite être rapporté aux bénéfices qu'il apporte et selon ses calculs basés sur la valeur de 1,5 million d'euros d'une vie humaine sauvée (chiffre donné par les directives ministérielles), le gain serait de 0,5 milliard d'euros sur une année.


Pour être purement mathématique, cela nous donne 0,5 milliard d'euros de gain à rapporter aux 9 milliards de dépenses consenties pour les obtenir. Même si une partie de ce déficit sera comblée par les recettes de nos chers radars, la démonstration de Remy Prud'homme cherche, au-delà des chiffres, à montrer qu'il ne suffit pas de dire qu'une mesure va sauver des vies pour qu'elle soit justifiée. Encore faut-il qu'elle soit cohérente économiquement.

Sans cela, cela reviendrait à dire que la solution ultime serait d'interdire la mobilité. Et donc l'économie. Et le pays.