Harnachée dans l'habitacle de sa Brabham, Lella n'a que faire du regard des curieux qui observent. Toute sa volonté est concentrée sur un seul but, se qualifier pour son premier Grand Prix. Hélas, un bris de boîte va ruiner l'expérience. Qu'à cela ne tienne, l'Italienne a fait forte impression et elle se promet de revenir...

Si ses débuts en Formule 1, se terminent par une non-qualification au GP d'Angleterre 1974 - ce qui rassure au passage les machos de service - Lella Lombardi n'a pas dit son dernier mot. Cette jeune femme de 31 ans, surnommée la "Tigresse de Turin" est connue pour son caractère bien trempé et sa froide détermination. Depuis ses débuts en compétition en 1965, elle ne vit que pour la course, ne parle que de ça, ne pense qu'à ça ! La rivalité avec ses homologues masculins ne lui fait pas peur.

Pour Lella, féministe convaincue, la femme est l'égale de l'homme et elle le prouve au volant. Ainsi en cette année 1974, elle court le championnat F5000 européen et se bat sans complexe avec le reste du plateau composé de pilotes chevronnés. Si certains pilotes ne voient pas d'un très bon oil la présence d'une femme devant eux sur la grille de départ, elle ne se plaint pas de leur comportement : "Je n'ai eu aucune difficulté pour dépasser un adversaire. On me prend au sérieux et le fait que je sois une fille ne change rien : je suis un pilote comme les autres." Et un bon pilote assurément qui collectionne les podiums et les titres en monoplace. C'est au volant de ce type d'auto qu'elle se sent le mieux.

En Italie, après plusieurs victoires et un titre en Formule Monza, quelques courses en Formule Ford et de multiples titres féminins, elle se lance sans complexe en Formule 3 internationale. A Monaco en 1973, elle se qualifie facilement parmi les quatre-vingts engagés et termine à la douzième place de la finale. Elle fait encore mieux en Angleterre à Brands Hatch, où elle obtient la troisième place de la première manche devant les spécialistes anglais de la spécialité. Le même jour au même endroit, dans une course de Ford Escort Mexico réservée aux célébrités, elle met à mal l'amour-propre de nombreux pilotes, en remportant la victoire. Grâce à cette belle prestation, un important distributeur Ford d'Italie l'engage dans le championnat italien de Ford Escort Mexico, elle va, avec six victoires, s'adjuger le titre !

Cette moisson de bons résultats lui permet de décrocher un contrat pour courir en Formule 5000 en 1974. Après quelques coups d'éclats elle se classe 5e du championnat, derrière Bob Evans, Peter Gethin, Ian Ashley et Teddy Pilette. Rien que du beau monde ! Cette capacité à maintenir sur la piste une monoplace lourde et puissante (pratiquement 500 ch) donne l'idée à John Weeb, le directeur du circuit de Brands Hatch d'engager la jeune Italienne en Grand Prix. Il convainc Jacky Epstein, le manager de Lella en F5000, de louer pour elle une Brabham BT42 pour le GP d'Angleterre. Comme prévue l'arrivée d'une femme en F1 intrigue* et pimente le week-end. Pour couronner le tout, la Brabham blanche affiche un drôle de numéro, le 208. Il s'agit de la longueur d'onde de Radio Luxembourg, le sponsor. Pendant les essais, l'Italienne fait taire ses détracteurs qui se gaussaient de sa venue. Sa volonté alliée à un bon coup de volant prouve qu'elle a sa place en Formule 1. Seule la malchance et la mauvaise santé mécanique de l'auto (casse de la boîte de vitesses) ne vont pas lui permettre de se qualifier. Mais Lella ne semble pas trop déçue, car elle sait qu'elle reviendra...

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