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Une histoire pas comme les autres

Des automobilistes suisses ont eu envie d'acheter un véhicule à plusieurs en 1948. Sans le savoir, ils ont inventé le système de voiture partagée. Ce procédé ne s’est pas transformé en aventure commerciale et il s’est donc éteint pendant plusieurs décennies. Mais Jacques d’Welles, ingénieur et architecte-urbaniste, s’est penché sur la question et il est le premier à comprendre qu’il est important de mettre en place une forme de partage de véhicules : en 1951, il a publié un texte novateur dans la revue Urbanisme, intitulé "À propos de circulation urbaine", qui propose la création d’une "Société de transport en commun" dans ce qu’il nomme les C.A.E. (les "capitales anciennes évoluées") "dont le but essentiel serait d’offrir au citadin la possibilité de se dégager précisément du moyen de transport en commun classique (par autobus ou chemin de fer) en lui permettant de se servir de voitures individuelles". A l’époque, les villes européennes devaient déjà faire face à une circulation dense. Jacques d’Welles a bien perçu les difficultés engendrées par la prolifération de l’automobile : "[...]. La circulation devient de jour en jour plus difficile. À chaque augmentation du parc de 1000 voitures visiteuses, correspond la nécessité de trouver dix kilomètres de trottoirs d’accostage nouveaux. Le stationnement est l’obstacle majeur à ce flux. Aujourd’hui, il interdit le trajet de porte à porte. On ne sait plus jamais si l’on pourra s’amarrer devant une porte d’entrée déterminée. Il faut prendre des mesures draconiennes si l’on veut maintenir tous les avantages qui étaient, il y a vingt ans, ceux de l’usage de l’auto et qui sont grignotés chaque jour". En France, dans les années soixante, des projets ambitieux échouent car l'Etat refuse la restriction de l'activité industrielle de l’automobile. En 1969, deux chercheurs anglais, Fishman et Wabe, proposent de créer à Londres de nombreux garages communautaires où des véhicules seraient mis à la disposition des Londoniens. L'auto-partage a réellement pris de l’ampleur à travers le monde à partir des années 80.

Les Suisses et les Allemands sont partageurs !

L’auto-partage : le bon plan !

En Suisse, la fondation Carsharing est créée en 1987 : 30 personnes se partagent deux véhicules. Le service d’auto-partage Mobility CarSharing Suisse (http://www.mobility.ch/) a été officiellement fondé le 13 mai 1997 à l'occasion de la fusion des coopératives ATG-AutoTeilet Suisse et ShareCom (de même que sa filiale CarSharing Company/CSC). Aujourd’hui, il existe 1 800 véhicules dans 400 localités différentes et ils ont 59 400 clients ! L’une des raisons du succès : l'adhésion à Mobility peut être complétée par un abonnement aux transports en commun, ce qui permet de faire des économies. Un forumiste suisse de Caradisiac, surnommé MR, fait appel à Mobility depuis plus d’un an et il l’apprécie : "Diverses solutions s'offraient à moi au moment de franchir le pas et de commencer l’aventure avec Mobility : un abonnement annuel à 290 chf (environ 200 €) ou alors acheter une part de la société et ne pas avoir d'abonnement à payer... Cette part est remboursable au moment de la résiliation. J'ai donc acheté une part ! Etudiant, je n'ai pas de voiture, mais une 125. J'utilise ce système Mobility en complément du scooter et de la voiture de mes parents. L'avantage de la chose est que si je ne consomme pas, ça ne me coûte absolument rien.Cela m'a aussi permis de pouvoir conduire occasionnellement la Mégane Coupé cabriolet pour faire une petite virée avec ma copine, d' avoir un Vito pour le déménagement d'un ami…".

En Allemagne, cinq compagnies de CarSharing ont fondé l’organisation "european car sharing" (esc). Actuellement, elle regroupe 56 000 membres dans 550 localités et elle est représentée au Danemark, en Italie, en Norvège et en Suisse. Sur la page d’accueil de leur site (http://www.carsharing.org/), ils ont mis une citation d'Aristote : "En toute chose, vous trouverez plus de richesses dans l'usage que dans la possession." A méditer…

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