Souvenez-vous : en avril 2008, le Rapporteur Spécial des Nations Unies pour le Droit à l’Alimentation Jean Ziegler a pointé du doigt les biocarburants. Il a souhaité un moratoire de 5 ans sur les biocarburants et a prôné l'arrêt de la spéculation pour maîtriser la hausse des prix alimentaires grâce à des normes boursières précises. D'après lui, cette crise alimentaire est causée par la transformation massive d'aliments en biocarburants et par la spéculation qui serait responsable de 30% de la hausse des prix. Il a expliqué que les véritables solutions pour combattre les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports étaient les moteurs électriques et la possibilité d'imposer des mesures anti-pollution plus sévères aux constructeurs. Petit rappel : en octobre 2007, il a même dit : "Un crime contre l'humanité est commis lorsque l'on convertit un sol productif pour l'alimentation en terre à produire du biocarburant."

Le Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies a nommé Olivier De Schutter comme Rapporteur Spécial pour le Droit à l'Alimentation : il a succédé à Jean Ziegler en mai 2008. Lui aussi est contre les biocarburants et le fait savoir ! Devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU (réuni à Genève en session extraordinaire afin d'évoquer les conséquences sur les Droits de l'Homme de la crise alimentaire mondiale), il a réclamé le gel des subventions et des investissements qui sont destinés à leur production.

Olivier De Schutter considère que les biocarburants sont un facteur de poids contribuant à l'augmentation des prix des aliments en occupant des terres arables qui pourraient être dédiées à des cultures vivrières. Il a souligné : "Cent millions d'hectares seraient nécessaires pour produire 5% des carburants en 2015, et cela est tout simplement insupportable. Les objectifs des États-Unis de 36 milliards de gallons (136 milliards de litres) de biocarburants pour 2022, et de l'Union européenne de 10% de biocarburants pour les transports en 2020, sont irréalistes. En abandonnant ces objectifs, nous enverrions un signal fort aux marchés que le prix des récoltes de denrées alimentaires ne va pas monter indéfiniment, décourageant ainsi la spéculation."

Après Jean Ziegler, Olivier De Schutter ne lâchera pas non plus le morceau !