Les chauffeurs sont-ils sympas?

Sorti de mon bureau, me voilà parti à la recherche d’un taxi dans le quartier Saint-Lazare de Paris. Les panneaux indicateurs situés dans la gare me permettent de trouver rapidement une station de taxis.

Premier taxi : "On ne mange pas dans ma voiture"

Mon premier choix se porte sur un Volkswagen Sharan blanc appartenant à la compagnie des Taxis Bleus. Une fois à bord, le chauffeur, d’origine asiatique, se révèle gentil, mais pas très bavard. Pour remédier à cela, j’entame la discussion sur un sujet qu’il connaît bien, sa voiture. Et là, je n’ai pas plus de réussite car je n’ai droit qu’à un "c’est une bonne voiture". Lassé, j’abandonne et je lui demande si je peux fumer. On sait que les taxis n’aiment pas en général que l’on fume dans leur voiture. Et j’entends bien le pousser dans ses retranchements. Gêné, le chauffeur me répond : "Allez-y, mais vous savez, en général c’est interdit".

Les taxis sur la sellette

En réalité, je n’avais aucune envie de fumer. Il s’agissait simplement de tester notre homme. Mais je n’ai pas fini de l’ennuyer, le pauvre. Un petit creux, là encore, totalement feint, m’incite à commencer à grignoter un sandwich. Nonchalamment, sans attacher d’importance particulière aux miettes de pain qui commencent à tomber sur les tapis de sol. Cette fois, j’ai poussé le bouchon un peu loin. Le chauffeur, un brin aigri, m’annonce : "On ne mange pas et on ne boit pas dans mon taxi, ça abîme la voiture". Pour autant, je ne suis pas prêt à lâcher le morceau et j’ai prévu, dans mon plan, de lui demander de changer de programmes radio.

Il en a assez de ce client insupportable

Manque de chance. Je tombe sur un taxi qui n’en possède pas. Fait rarissime.

A bout de ressources, je me rabats sur les journaux et magazines qui me sont proposés, histoire de torturer les pages glacées en les froissant plus ou moins bruyamment. Le Figaro, Elle, etc, pas de doute, il y a du choix. Voilà un bon point.

Les taxis sur la sellette

Notre ami de circonstance en a-t-il assez de ce client qui se croit chez lui ? Toujours est-il que sa conduite ne me permet absolument pas de lire. Accélérations, freinages, les à-coups sont trop nombreux. Enfin, me voilà arrivé, dans un état critique, car j’ai envie de vomir le déjeuner pris 6 heures auparavant. Pas vraiment agréable. Cette première journée ne me laisse donc pas un souvenir impérissable.

Deuxième taxi : un chauffeur de mauvaise humeur

Les taxis sur la sellette

Après ces premières péripéties, je monte le lendemain dans une Volkswagen Passat de dernière génération, toute neuve, ne faisant partie d’aucune compagnie. Le chauffeur, âgé d’une cinquantaine d’années en pleine lecture, semble agacé par ma présence. Malgré tout, je monte dans son véhicule. Ma première impression est plutôt bonne. La voiture, impeccable, sent encore le neuf. Le confort est nettement supérieur à celui du Sharan du premier jour et tout se passe pour le mieux jusqu’à ma première tentative de dialogue avec le chauffeur. Histoire de détendre l’atmosphère, je lâche un amical : "Elle est superbe votre voiture". Pour seule réponse, j’ai droit à un "je sais" pas vraiment engageant.

Qui a dit que les taxis étaient bavards ?

Les taxis sur la sellette

Plus le temps passe, plus mon impression concernant le chauffeur se confirme car j’ai devant moi un véritable mur. Qui a dit que les taxis étaient bavards ? Cette humeur contestable se traduit également par de l’énervement lors des bouchons : coups de klaxon, insultes, rien ne manque et j’ai même droit à un "ils sont vraiment trop cons" des plus agréables. L’ambiance devient donc plutôt tendue et je commence à m’ennuyer car aucune lecture ne m’est proposée. A ma grande surprise, le chauffeur décide, en plein milieu du voyage, d’allumer la radio. Voilà de quoi titiller ses nerfs. Le son étant trop faible, je lui demande donc : "Pouvez-vous monter le volume, s’il vous plaît ?" Comme réponse, le chauffeur fait tout simplement hurler sa radio.

Les taxis sur la sellette

Le voyage devenant long, j’allume une cigarette et à ce moment-là, le chauffeur m’annonce d’un ton sec : "On ne fume pas dans ma voiture." Même son de cloche pour la nourriture et la boisson. C’est un non définitif.

Ne pouvant ni manger, ni boire, ni fumer, je me permets de téléphoner avec mon portable et très vite le chauffeur me fait part de son mécontentement : "J’espère que cela ne va pas durer trop longtemps".

Les taxis sur la sellette

Etant, enfin, arrivé à destination, c’est avec un plaisir non dissimulé que je quitte ce chauffeur des plus antipathiques. Un premier jour moyen, un deuxième à vite oublier, j’en viens à penser que la mauvaise réputation des taxis est méritée.

Troisième taxi : la perle rare

Les taxis sur la sellette

Enfin, pour mon dernier jour d’enquête, c’est un Scénic de la compagnie 01 qui va me prendre en charge. Le chauffeur engage lui-même la discussion en me demandant si j’ai fait bon voyage. Devant tant de gentillesse, j’essaie d’obtenir des renseignements sur sa compagnie, qu’il me donne volontiers. Il parle avec plaisir de sa profession qu’il trouve au passage de plus en plus difficile et de la circulation dans la capitale qu’il juge anarchique.

Les taxis sur la sellette

Arrive donc le moment fatidique de la cigarette. Le chauffeur m’indique que c’est interdit en m’expliquant que cela "est dû à la loi Evin, car les taxis sont considérés comme des lieux publics".

Le voyage le plus agréable

Les taxis sur la sellette

Passé ce premier refus, je demande à manger et là, à ma plus grande surprise, le chauffeur me répond : "Allez-y, mais essayez de ne pas mettre des miettes partout, s’il vous plaît". Serais-je tombé sur la perle rare ? J’affûte mes armes. Après le sandwich, la boisson. Un coup d’œil dans son rétro et je vois qu’il ne sourcille toujours pas. Je termine la cannette de jus d’orange et lui demande "Excusez-moi, vous n’auriez pas une poubelle". "Bien sûr" et il me prend la bouteille avec le sourire. Bizarre ! Sans être parano, je me demande si je suis pas l’arroseur arrosé et s’il n’y a pas une caméra dans ce taxi. Je lui ferai par la suite encore le coup du portable, mais rien. Pas un mot, pas une remarque. Je suis tombé sur un taxi irréprochable.

Les taxis sur la sellette

Mon coup de cœur est donc allé à ce chauffeur qui a su allier gentillesse, disponibilité et humour. Autre argument de poids, la conduite a été souple, agréable et performante. Seul bémol à ce tableau très positif, l’absence de journaux, mais dans ce cas bien précis, on peut facilement s’en passer.

Les taxis sur la sellette

Bilan : Avons-nous fait notre enquête un mauvais jour ? Toujours est-il qu’elle n’est pas flatteuse pour les taxis concernant l’accueil. Deux sur trois se sont montrés franchement désagréables. Peut-il n’avaient-ils envie de se laisser embêter par un client plus qu’ennuyeux ? Mais on dit pourtant bien que le client est roi.


Vos droits et ceux des chauffeurs

Sachez à titre indicatif, que vous pouvez :

- Interdire au conducteur de fumer,

- Faire monter ou descendre une personne de votre connaissance en cours de trajet.

En revanche, un taxi peut refuser :

- De vous prendre en charge, si vous vous trouvez à moins de 50 mètres d’une station pourvue de taxis libres,

- De vous laisser vous asseoir à côté de lui,

- De laisser monter plus de 3 personnes

- De vous prendre en charge, si vous êtes habillé de vêtements sales ou qui dégagent une mauvaise odeur

- De vous attendre dans un lieu où le stationnement est interdit, limité ou impossible,

- De charger vos bagages, s’ils sont trop encombrants ou trop lourds,