La destruction des tours du World Trade Center, situées en plein centre de Manhattan, a paralysé physiquement la Bourse de Wall Street. Au-delà de la gêne que cette interruption des activité a pu entraîner, c'est toute l'économie des États-Unis qui souffre, si bien que la confiance des ménages américains, déjà fragilisée, est en train de s'effondrer. Conséquence : le secteur de l'automobile, bien de consommation de masse, commence déjà à être affecté.

Un marché américain fortement touché

Au mois de septembre, GM, Ford et Daimler-Chrysler ont tous assisté à un ralentissement de leurs ventes aux États-Unis, parfois moins important que prévu.

Le marché américain a régressé dans sa globalité de 8,7 % , mais ce recul a touché de façon très différente les constructeurs.

Le moins affecté par ces événements est GM, qui affiche une perte de 3 % alors que le premier constructeur mondial s'attendait à une baisse de 18 % . Situation un peu plus préoccupante pour Ford, qui accuse une chute de 9,7 % , et carrément sérieuse pour Chrysler, qui a vu ses ventes plonger de 28 % .

Les constructeurs européens ont également été touchés aux États-Unis et tout particulièrement les marques germaniques à l'image de Volkswagen et de Porsche, qui ont vu leurs ventes chuter respectivement de 19 et de 18,8 % .

L'avis d'un spécialiste : Gilles Mercier, directeur de la communication du CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles) : "Le marché français est pour l'instant à l'abri."

Caradisiac : Comment a réagi le marché au mois de septembre ?

Gilles Mercier : Plutôt bien, car les ventes sont en augmentation de 2 % au mois de septembre, mais il faut se méfier car ces commandes ont été passées durant le mois d'août, c'est-à-dire bien avant les attentats.

Nous avons constaté que les ventes, depuis ces événements, sont restées stables par rapport à la même période l'an passé. Des journées portes ouvertes se sont déroulées après les attentats et les résultats ont été très différents selon les régions. Ainsi, les clients de la région parisienne ont été très réceptifs ; en revanche, ces opérations ont mieux fonctionné en province et même très bien dans le sud et l'ouest de la France.

Globalement, le niveau de fréquentation est resté stable, mais les commandes ont légèrement diminué.

Caradisiac : Pourrait-on assister à un effondrement des commandes ?

Gilles Mercier : Franchement, je ne le pense pas pour l'instant. Il n'y aura pas de baisse significative, selon moi, avant la fin de l'année. L'élément déterminant est le moral des ménages ; si les consommateurs ont confiance dans l'avenir, ils continueront à consommer et il n'y aura pas de problèmes.

Caradisiac : Pourrait-on vivre une situation identique à celle des États-Unis ?

Gilles Mercier : Non, les deux marchés sont radicalement différents. Aux États-Unis, le véhicule le plus vendu est le pick-up, alors qu'en France, il représente une part marginale des ventes. Autre différence, les Américains, pour acheter leurs voitures, se servent de leurs actions. Forcément, quand la Bourse rencontre des difficultés, ils ont moins envie d'acheter, c'est logique. En France, en revanche, 60 % des achats de véhicules sont faits à crédit. La Bourse n'a donc pas d'influence là-dessus.

Caradisiac : Les possesseurs ou les futurs acquéreurs de voitures américaines vont-ils connaître, du fait de ces problèmes, des retards dans les livraisons de véhicules ou de pièces détachées ?

Gilles Mercier : Selon moi, il n'y a pas de souci à se faire de ce côté-là car la majorité des marques américaines ont délocalisé leurs lieux de fabrication. Il en est de même des pièces détachées. Enfin, les modèles vendus en Europe ne ressemblent en rien à ceux vendus aux États-Unis.