Les filières du vol : une nouvelle organisation

Les policiers constatent que ces nouvelles équipes de voleurs sont très mobiles et très bien organisées, ce qui rend difficile le démantèlement des réseaux. Cette difficulté n'a pas empêché les hommes du groupe auto de la Brigade de répression du banditisme de Paris de stopper les agissements d'un groupe dont le trafic portait jusqu'à 200 voitures. Ils possédaient des pavillons en banlieue et un million de francs bloqués sur un compte. Le modus operandi était le suivant : lors d'une revente de voiture volée, ils exigeaient de leur client de bonne foi un chèque de banque qui transitait sur le compte d'un RMIste. Ce dernier retirait du cash et prélevait une petite commission au titre de sa “prestation financière” et du risque d'identification ultérieure.

L’ennemi des policiers : le portable

Vols de voitures : les gangsters auto du   troisième millénaire arrivent

Ces exemples montrent que les trafiquants ont affiné leur méthodes. Les policiers s'adaptent mais la tache est ardue. “Le téléphone portable a compliqué aussi notre travail, déplore un enquêteur. Il est utilisé par les trafiquants pour ne pas se faire repérer. Une carte Sim sert à vendre deux voitures, ensuite elle est jetée.” Les trafiquants ont aussi compris qu'il ne fallait plus revendre des voitures à des prix dérisoires car cela pouvait éveiller la perspicacité des enquêteurs. Ainsi, ils passent des petites annonces et fixent un prix légèrement en deçà de la cote, afin d'appâter les clients. Ni vu ni connu !

Des vols effectués à la commande

Ces pratiques de car-jacking et de home-jacking favorisent le travail « à la commande ». Après avoir été volés, ces véhicules sont ensuite expédiés vers le Maghreb ou les pays de l'Est, voire revendus dans d'autres pays européens grâce à la pratique de la “doublette”.

Comme le note un officier spécialisé dans le banditisme automobile, les trafiquants suivent les règles de l'économie traditionnelle : “Ils travaillent aujourd'hui en flux tendu, à la commande. Le temps où l'on appréhendait les voleurs dans une arrière-cour et où l'on trouvait des dizaines de voitures de luxe est révolu.” Autre époque, autres victimes. Il semblerait aujourd'hui que chacun puisse être confronté au phénomène. “Personne n'est à l'abri, puisque les malfrats ne se contentent plus de voler des hauts de gamme, mais aussi des voitures bas de gamme et même des utilitaires”, précise le policier. Seule condition : ces véhicules doivent être récents.