Vous avez sûrement entendu parler du maire de Londres Ken Livingstone : il est connu pour sa lutte sans pitié contre la pollution. Les transports routiers représentent sa cible privilégiée ! De nombreux conducteurs n'ont pas encore digéré les frais de circulation imposés en 2003 pour entrer dans le centre-ville. Son nouvel objectif ? Les nouvelles normes d'émissions de particules et de dioxyde d'azote appliquées aux véhicules de livraison. Le maire veut mettre sur pied, d'ici l'an prochain, un système qui liera 700 caméras à une base de données de véhicules de livraison. La base de données indiquera si ces camions et fourgonnettes respectent des nouvelles normes d'émissions de particules et de dioxyde d'azote qui s'appliqueront uniquement à Londres. Équipées d'un système de reconnaissance automatique des plaques minéralogiques, ces 700 caméras font partie du système de gestion du trafic qui, depuis 2003, impose des frais pour entrer à Londres.

La ville deviendra ainsi une "zone de basses émissions" (Low Emissions Zone, ou LEZ). Le trafic automobile génère les deux tiers de la pollution aux particules fines, et plus du tiers de la pollution au dioxyde de carbone. Selon Frank Kelly, professeur de sciences environnementales au King's College, les effets à long et court terme de la pollution automobile causent la mort de 1000 à 3000 Londoniens par année. Kelly a souligné : "Les simulations informatiques permettent d'envisager de sauver entre 200 et 300 vie par année, avec des bénéfices économiques de plusieurs centaines de millions de livres. Mais ces changements ne surviendront pas immédiatement. Dans les premières années, par exemple, la quantité de dioxyde de carbone ne diminuera que de 10 %. Ce ne sera qu'au bout de cinq à 10 ans qu'il y aura une différence appréciable. Évidemment, l'amélioration est encore plus grande si on compare à ce qui se passerait si on laisse la pollution automobile augmenter."

L'industrie du transport s'oppose vigoureusement à la LEZ. La modernisation des flottes de camions et fourgonnettes de livraison coûtera 300 millions $CDN. Pire, les petites compagnies disparaîtront probablement. "Ça pourrait causer des problèmes dans certains secteurs de niche, par exemple la livraison rapide de courrier et de repas", indique Kelly. Mais comme les règles s'appliqueront progressivement, les compagnies ont le temps de prévoir ces investissements. Les premiers touchés seront les gros camions, qui appartiennent généralement à des grandes compagnies. Les fourgonnettes ne seront assujetties à la LEZ qu'à partir de 2012. Les contraventions seront de 200 livres, soit environ 450 $CDN. Les automobilistes seront exemptés de la LEZ. Récemment, le magazine "The Economist" soulignait que le maire Livingstone risquait une révolte électorale s'il attaquait davantage les automobilistes. Des associations s'y opposent toujours, notamment parce que les frais et la zone où ils s'appliquent augmentent sans cesse.

Sources : Ville de Londres, La Presse