Samedi plusieurs dizaines de milliers de manifestants dans cinq villes de France (Rennes, Lyon, Toulouse, Lille et Strasbourg) - 60 000 selon les organisateurs, 20 000 selon la police - ont réclamé l'abandon du projet de réacteur nucléaire de troisième génération (EPR) à Flamanville. Stéphane Lhomme, porte-parole national du réseau Sortir du nucléaire, a déclaré : "C'est une mobilisation historique, comparable aux manifestations anti-nucléaires des années 70. Il y a un rejet massif de la population de tout projet de nouveau réacteur nucléaire. Evidemment c'est un avertissement aux candidats à l'élection présidentielle. Ceux qui ne se prononceront pas contre l'EPR perdront des centaines de milliers de voix". Le slogan de la mobilisation : "Non, non, non à l'EPR, oui, oui, oui aux alternatives". Pour ses concepteurs - un consortium franco-allemand Siemens/Framatome-ANP (Areva) - l'EPR permettra une meilleure utilisation du combustible, une démultiplication des systèmes de sûreté et une moindre production de déchets, ce que contestent les anti-nucléaires qui y voient une technologie déjà obsolète. En France, l'énergie nucléaire assure 78% de la production d'électricité contre 16% dans le monde et 32% en Europe. L'EPR est destiné à prendre le relais d'une partie des 58 réacteurs actuels pour la plupart mis en service dans les années 1980.

Les candidats à la présidentielle s'expriment sur le nucléaire

"Pour nous l'EPR est inutile car on est en surproduction d'électricité, et il est dangereux", a déclaré le candidat de la LCR, Olivier Besancenot. L'ancienne ministre de l'Environnement Corine Lepage, récemment ralliée à François Bayrou, a estimé l'EPR "inutile" : "L'intérêt de l'EPR est purement commercial dans une optique de privatisation du secteur énergétique qui veut faire de la France le fournisseur exclusif de l'Europe en nucléaire." L'altermondialiste José Bové et Dominique Voynet (Verts) ont exprimé leur opposition à l'EPR. Dominique Voynet s'est dite "révoltée par la mollesse des candidats de gauche à la présidentielle. En 1997, le Parti socialiste, le Parti communiste avaient convenu qu'il ne fallait pas faire cette machine. Franchement, on a reculé". Ségolène Royal (PS) et François Bayrou (UDF) ont souhaité une remise à plat de la réflexion. Par contre, Nicolas Sarkozy (UMP) a fait valoir que les seules énergies renouvelables ne sauraient remplacer le nucléaire. Pour l'UMP, il faut conforter l'énergie nucléaire. Voici son point de vue : "L'énergie nucléaire nous donne un véritable avantage comparatif en la matière. Si les centrales nucléaires étaient remplacées par des centrales au gaz naturel, nos émissions de gaz à effet de serre seraient supérieures de 25%. C'est grâce à l'énergie nucléaire que la France émet par habitant 21% de gaz à effet de serre de moins que la moyenne mondiale. Nous devons donc maintenir et renouveler notre parc nucléaire. En contrepartie, nous reconnaîtrons aux citoyens le droit d'accéder à tous les documents d'information utiles relatifs aux risques nucléaires et aux méthodes utilisées en France pour les prévenir." En général, les partisans du nucléaire font valoir son taux d'émission pratiquement nul de gaz à effet de serre (GES) à l'heure où l'Union européenne s'engage dans la lutte contre le changement climatique."

Source : AFP