Les 24 Heures avec "Titi"

Greder vient de créer le "Greder Racing" qui fait courir les productions de la Général Motors (Chevrolet Corvette et Camaro, Opel Commodore, Kadett et GT…). Marie-Claude le suit et pilote avec brio les lourdes et puissantes voitures de l’écurie. Elle décroche son premier titre de championne de France des rallyes en 1969, puis récidive l’année suivante avec une Opel GT. Cette année-là, elle s’octroie également la 4e place du classement final du championnat de France des rallyes (mixte). Elle devient ainsi l’égal des plus grands et la femme à battre en rallyes, ses principaux adversaires se nommant Jean-Claude Andruet et Jean Ragnotti !

Pour 1971, elle est à nouveau championne de France et prend la 6e place du classement mixte. Mais son titre de gloire reste sa participation aux 24 Heures du Mans. Pourtant, la réussite n’est pas au rendez-vous, la Corvette refusant tout service à 4h50 du matin. D’ailleurs, l’épreuve sarthoise ne lui sourira pas souvent : en 1972, c’est à nouveau l’abandon sur accident (accrochage avec la Matra de Ganley dans les Hunaudières). En fait, des quatre éditions courues sur la Corvette de Greder, seules les années 1973 (12e) et 1974 (18e) verront Marie-Claude passer la ligne d’arrivée.

Mais revenons à la saison 1972 et à la participation de Marie-Claude au championnat d’Europe des rallyes. Une nouvelle fois, elle joint l’utile à l’agréable. Elle réalise de très bonnes performances et assouvit sa passion des voyages. Et à l’issue de la saison, elle est championne de France et d’Europe des rallyes.

Elle va alors essayer de renouveler l’exploit la saison suivante, mais de continuels problèmes mécaniques l’en empêchent. Sa seule consolation reste sa participation, grâce au pétrolier Elf, à quelques courses de sport-protos sur la Lola T290 de Lafosse. Et cette expérience sera le tournant de sa carrière, puisqu’elle quitte le rallye pour le circuit.

Avec Lella Lombardi

Sur les pistes, elle retrouve son équipier de toujours, "Titi" Greder. Ensemble, ils vont se livrer à une lutte sans merci en 1974 dans le Championnat de France des circuits Gr.1 sur des Opel Commodore GSE. "Titi" termine à la 1ère place, Marie-Claude à la 2e. En cours de saison, elle prend le volant de la seconde Alpine A440 2 litres proto de l’Ecurie Elf Switzerland. Convaincus par la prestation de la Gapençaise, les responsables d’Elf décident pour la saison 1975 de créer un équipage complètement féminin, Marie-Claude Beaumont se voyant associée à la pilote italienne Lella Lombardi.

Sur leur Alpine A441 2 litres, les deux femmes ont de fortes chances de victoire dans la catégorie 2 litres. Marie-Claude, toujours déterminée, ne craint pas la comparaison avec la vedette italienne. Même si elles ont le même âge (32 ans), les deux femmes sont sur bien des plans très différentes. Lella s’est orientée dès le début vers le circuit et la monoplace et a côtoyé les plus grands en formule 5000 puis en formule 1 (6e au GP d’Espagne 1975). Pour Lella la course automobile est toute sa vie. Marie-Claude a d’autres ambitions, les voyages, le sport (ski, patinage artistique, ski nautique…), la photo… Lella est féministe, Marie-Claude ne l’est pas. Pour Lella, à voiture égale et à expérience égale, il n’y a aucun complexe à avoir face aux hommes. Pour la Française, c’est tout autre. Une femme a un instinct de conservation plus important qu’un homme, à la dernière limite elle cédera toujours dans une bataille au freinage. Quoi qu’il en soit et malgré leurs différences, les filles se vouent une estime réciproque et ont le même respect de la mécanique, un "détail" important en endurance… Le début de la saison est prometteur : 6e place aux 1 000 km de Mugello et, aux 1 000 km de Monza, c’est la victoire en "2 litres" et 4e place au général. Ces exploits vont leur permettre de faire partie des favoris pour les 24 Heures du Mans 1975. Marie-Claude est chargée de conduire l’Alpine pendant les deux premiers relais. Pendant la première heure de course, l’A 441 se maintient dans le peloton de tête avec les Gulf Ford, Porsche 908 et autres Ligier JS 2. Malheureusement, dans le 21e tour la voiture bleue stoppe sur le bord de la piste en panne d’alimentation. Malgré les efforts de Marie-Claude, l’Alpine ne repartira pas.

A la fin de la saison, Marie-Claude s’essaye à la formule 2 à Vallelunga sur la Elf 2. L’expérience ne sera pas concluante, la course en monoplace ne la tentant pas.

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