Lancée à la grande époque de la légende Matra, la Bagheera aurait pu être la Porsche ou la Ferrari "à la française". Héritant hélas d'une mécanique indigne de sa ligne, la jolie panthère dut se contenter d'une vie de bon gros chat.

Troisième génération de routières portant l'écusson Matra après la Jet et la 530, la Bagheera est le premier modèle conçu en étroite collaboration avec Simca-Chrysler France, le partenaire de la marque depuis 1970. Conçue sous la direction de Philippe Guédon, le "père" du futur Espace, celle qui n'est encore que la "550" devra emprunter la majorité de ses composants à la banque d'organes Simca. Une politique dictée par d'évidentes raisons commerciales mais qui vise également à réduire les coûts de production en série toujours plus élevés pour un modèle à caractère sportif. Ces contraintes ne vont pourtant pas limiter l'audace habituelle des "Hommes de Matra" et si elle doit être économique, la petite nouvelle n'en sera pas moins ambitieuse. L'architecture reprend ainsi des principes chers à la marque et éprouvés de puis longtemps par la course : moteur central en position transversale, carrosserie plastique ultra légère (32 kg !), suspension arrière très sosphistiquée. Fidèle à la philosophie anticonformiste de la jeune firme, elle doit donner l'impression au client de ne pas rouler dans la voiture de "monsieur tout le monde". Dans cette optique, mais aussi désireux d'éviter un échec commercial avec une stricte deux places, Guédon trouve une solution atypique en offrant trois places frontales.

Un félin bien calme

Présentée en avril 1973 (elle sera commercialisée en juillet), la Bagheera séduit le grand public avec son habitacle original, maos déçoit tous les passionnés avec son moteur sans aucune noblesse. Le choix s'est porté sur le 1300 cm3 de la Simca 1 100 S qui avec ses 84 ch est bien incapable de tenir les promesses livrées par la belle sonorité rauque de son échappement. La frustration est d'autant plus forte que la tenue de route et le freinage sont tout bonnement exemplaires ! Trois ans plus tard, le moteur de 90 ch issu de la nouvelle Simca 1308 ne changera pas grand chose, tandis que le projet U8 (deux moteurs quatre cylindres reliés en forme de U) ne verra jamais le jour. En dépit d'une vitalité nettement défaillante, la Bagheera connaîtra un honnête succès commercial. Un succès d'autant plus estimable que sa carrière débute à la veille du premier choc pétrolier et des premiers contrôles de vitesse. À l'époque, rouler en Matra signifiait vraiment quelque chose...

Carte d'identité :

Moteur : 4 cyl. en ligne

Cylindrée : 1294 et 1442 cm3

Puissance : 84 et 90 ch

Vitesse maxi : 180 et 190 km/h

Production : 47 800 ex. de 1973 à 1980

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