Le rendez-vous manqué

1956 : Bugatti 251

Pour Maurice Trintignant, la parole est sacrée. Et celle qu'il a donné à Roland Bugatti (le fils d'Ettore), même si elle lui coûte sa place en F1 chez Ferrari, tient toujours. C'est Pierre Marco (l'ombre du patron), qui a repris les rennes de l'usine après la mort d'Ettore en 1947, et qui sur l'insistance de Roland a décidé de la construction de la monoplace de Grand-Prix. Pour cela, il s'est assuré de la collaboration de l'ingénieur Colombo (créateur des fameuses Alfetta et du premier V12 Ferrari). Cette monoplace est à la fois ancienne avec un train avant à essieu rigide, que moderne par son moteur 8 cylindres en ligne( double allumage et double ACT) et surtout par la position de celui-ci, à la fois centrale (derrière le pilote) et transversale. Les premiers essais ont lieu à Entzeihm sur une piste d'aviation, Petoulet teste le premier exemplaire. Bien que cette piste d'essai soit très bosselée, Maurice demande déjà à l'équipe d'augmenter la puissance du moteur et de modifier la suspension et les amortisseurs. Aux essais du Grand-Prix de France, Bugatti se présente avec deux monoplaces portant le numéro 28. Dès les premiers tours de roues la messe semble être dite. Les roues avant ont une fâcheuse tendance sans l'intervention du volant ! La Bugatti se qualifie à 12 secondes du meilleur temps réalisé par Fangio sur sa Mercedes. Pour Maurice et Rolland Bugatti, il est certain que la Bugatti 251, n'est pas encore prête à affronter "les flêches d'argent". Mais pour faire plaisir aux supporters de Bugatti qui se sont spécialement déplacés pour assister aux premier Grand-Prix de la 251, ils décident d'aligner la monoplace au départ.

La voiture bleue va rester sur la piste avec Maurice fermement accroché à son volant empêchant la belle de louvoyer. Car aux problèmes de direction s'ajoutent d'autres d'amortisseurs. C'est un accélérateur grippé qui contraindra la dernière Bugatti de course à stopper au 18ème tour.

Quelques années plus tard, en 1963, ce sera la cession des usines Bugatti au groupe Hispano-Suiza et la disparition de la marque. Au grand désespoir de Petoulet qui aimer tant piloter les bolides de Molsheim.

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