Selon la BBC, Renault aurait décidé de céder 75% de son équipe de F1. D'autres infos matinales confirment d'une part que Beijing Automotive achète les droits de fabrication des Saab 9-3 et 9-5 actuelles et d'autre part que les pilotes Trulli et Kovalainen viennent de trouver refuge dans l'illustre équipe Lotus qui, comme chacun sait, est malaisienne ....

Oui, l'époque est aux prête-noms et derrière un blason, un logo ne se cache plus l'Histoire car, c'est un fait, l'histoire s'achète. Les passés les plus glorieux se monnayent dès lors qu'ils ne rapportent plus assez aux dirigeants. L'orgueil des capitaines d'industrie, des vrais patrons ne se trouvent plus que dans de rares boutiques où le nom du propriétaire est apposé sur les autos. Franck Williams en F1, quelques grandes familles historiques (Piëch, Peugeot, Qandt, ...) et c'est tout.

Pour le reste, il n'y a plus que le business qui compte et peu importe ce qui se cache sous le blason tant que les recettes sont conservées.

On arrive donc à des incongruités étonnantes qui nous amèneront à supporter (peut être) des Renault F1 au 2/3 étrangères, à acheter des MG ou des Saab chinoises, à acheter des asiatiques rebadgées dans des supermarchés italiens, à rouler en Chevrolet coréenne. Le monde d'aujourd'hui n'a plus de frontières, la mondialisation est passée par là sans véritablement se poser la question de la substance. Nous ne sommes pas là pour parler d'identité nationale, il y a bien longtemps que la concentration industrielle a créer des groupes tentaculaires où les QG et les sites de production, sont bien loin du cœur historique des marques concernées. Non, on parle simplement de la pulpe, du cœur, de l'âme d'un produit, d'une vision à long terme. Le produit quel qu'il soit perd de sa substance et nos repères s'évanouissent en même temps. Bien sûr, les exemples de sauvetage réussis (Lamborghini et Bentley par VW, Rolls et Mini par BMW ...) existent et personne ne vient dire qu'une Gallardo est une allemande ou même qu'une Evora est malaisienne. Mais ces entreprises détenues par des dirigeants pas encore totalement déconnectés de l'automobile passion ont souhaité conserver le caractère historique des marques rachetées en les modernisant et en les maintenant dans leur pays historique. L'âme s'est éclaircie mais n'a pas disparue. Par contre, est-ce toujours le cas aujourd'hui alors que ces dirigeants issus du monde automobile disparaissent ?

Lorsque l'enjeu n'est que purement commercial, à quoi peut-on s'attendre dans la durée ? À une dilution de la substance, à un rabotage du gène, voire à sa disparition complète.

La façon dont les responsables de passage, souvent de purs financiers, bradent aujourd'hui le nom d'entreprise (le vrai capital) dont la direction leur a été confiée est critiquable. On peut appeler ça de la naïveté, de l'archaïsme économique, mais je reste persuadé que l'on est dans une processus de perte des valeurs et des repères probablement bénéfique financièrement à court terme mais complètement incompréhensible dans le temps. Cette perte du sens amène à la superficialité du soutien, à l'impossible association à la marque, à la critique et au déni permanents. Une marque n'est pas qu'un logo, un blason n'est pas qu'un buzz furtif.

Aujourd'hui, les dirigeants ne cherchent plus à faire l'histoire, ils jouent avec. Comment s'enthousiasmer ?