Hier soir, le président de la République participait à une émission de télévision sur TF1 durant laquelle il devait faire face à un panel de français parmi lequel se trouvait un ouvrier de chez Renault. Défrayant la chronique ces derniers jours, le sujet particulièrement épineux de la délocalisation de la construction des Clio 4 en Turquie ne pouvait donc qu’être abordé.

Nicolas Sarkozy est resté très ferme sur ses positions : «Je n’accepte pas la stratégie de Renault ces dix dernières années» en citant comme exemple que le groupe PSA concentrait les deux tiers de son personnel en France, contre un tiers pour la marque au Losange. Il n’intervenait pas ici en tant que président de la République mais en tant qu’actionnaire, l’Etat détenant 15% de Renault. «Je ne l'accepterai jamais ! Nous n’avons pas aidé Renault pour qu’il continue à délocaliser. Je n’accepte pas que des voitures vendues en France soient fabriquées à l’étranger». Il n’en est cependant pas à vouloir interdire toute forme de délocalisation : «Il y a délocalisations et délocalisations ! Si on veut vendre des voitures à la Chine naturellement, il faudra construire des voitures en Chine, mais je n'accepte pas que des voitures vendues en France soient construites à l'étranger. C'est la raison pour laquelle je suis intervenu, […] pour sauver Sandouville et Flins !».

Pour y parvenir, il compte sur son équipe : «Avec le plan de soutien de Jean-Louis Borloo sur les véhicules électriques, les véhicules électriques de chez Renault seront fabriqués en France», tout en martelant une fois de plus «La Clio 4, pour sa partie vendue en France et dans les pays limitrophes de la France, sera construite à Flins !».

Mais ce n’est pas seulement Renault pour qui le Président de la République s’inquiète, mais pour toutes les entreprises qui dépendent du constructeur : «J'ai découvert quelque chose de complètement extravagant ; les 2/3 des sous-traitants de Renault sont des sous-traitants étrangers. J'ai demandé à ce qu'on inverse la proportion.»

A l’heure de chercher des responsabilités sur la situation présente de Renault, Nicolas Sarkozy préfère, et c’était prévisible, épargner Carlos Ghosn pour pointer du doigt à la fois son prédécesseur, Louis Schweitzer, et le gouvernement dirigé par Lionel Jospin : «Avant Carlos Ghosn, il y a eu un Président chez Renault dont la sensibilité était plutôt à gauche. Il était même pour le SMIC à 1.500 Euros, mais il a conduit des délocalisations dans des proportions jamais connues jusqu'alors !» avant de continuer «Quand, en 1997, Renault a fermé l’usine de Vilvorde, le gouvernement de l’époque, actionnaire à 40 % de Renault, a déclaré «on ne peut rien y faire» et il y a eu trois mois de grève. On peut me reprocher des choses, mais on ne peut pas dire que je ne fais rien. Je veux que la France reste une terre de production».