Le ministère de l'intérieur a donc indiqué vouloir encourager la conduite accompagnée. Il faut dire que la formule a fait ses preuves : le taux de réussite des candidats passés par là est de 74% contre 55% selon une étude réalisée il y a un an par l'association Prévention routière. Par ailleurs, il encourage le politique qui veut réduire la mortalité sur les routes puisque la même expertise a affirmé que les taux d'accidentalité sont réduits au cours de la première année pour les conducteurs formés plus tôt. Enfin, le coût de l'apprentissage est au final inférieur à l'apprentissage traditionnel, de l'ordre de 500 euros. Bref, avec un coût moindre, un taux de réussite supérieur synonyme de délais non rallongés le tout pour des usagers plus sûrs, la conduite accompagnée est la recette qu'il faut appliquer.


Pourtant, le nombre de candidats qui suivent les filières de l'apprentissage accompagné est en déflation. Une campagne nationale de promotion des modes d'apprentissage accompagnés sera donc mise en œuvre tandis qu'ils seront proposés systématiquement aux candidats à leur inscription grâce à l'implication des auto-écoles. Mieux, à partir de la rentrée 2015, les lycéens seront sensibilisés sur le sujet tout comme ceux qui feront leur journée défenses et citoyenneté. Dès la classe de seconde, une attestation scolaire de sécurité routière de niveau 3 sera créée avec des outils pédagogiques développés en commun par l’Éducation nationale et la sécurité routière. Last but not least, on pourra apprendre sur véhicule automatique, électrique ou hybride ce qui permettre de développer l'usage de ces automobiles.


Ceci c'est pour le court terme, mais à moyen terme, c'est bien l'opportunité du démarrage de la conduite accompagnée dès 15 ans et d'un passage du permis B dès 17 ans et demi qui est en point de mire. Et pour suivre l'automobiliste, la création d’une formation post permis sera à cogiter de la part de l'ensemble des partenaires concernés dont le cercle lui-même est élargi. Jugez-en : le monde associatif et les initiatives citoyennes des entreprises et de leurs salariés entreront dans la danse. L’appel à projet « mobilité » lancé par le ministère des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports dans le cadre du fond d’expérimentation jeunesse doté de 2 millions d’euros sera mobilisé à cet effet. Le permis ne sera bientôt plus un parcours du combattant individuel dans une période clé de sa vie. Mais un projet dilué dans le temps avec le soutien de divers partenaires. Qui s'en plaindra ?


Maintenant,un permis de conduite, ça reste toujours un investissement. Là aussi, le gouvernement va s'engager et notamment en relançant le dispositif du permis à un euro. Ce dispositif de prêt à taux zéro mis en place en 2005 a bénéficié depuis l’origine à environ 680 000 jeunes, et aujourd’hui annuellement à plus de 10 % d’une classe d’âge. Mais il reste méconnu et fermé à ceux qui ont subi un échec à l'examen. Il conviendra donc d'en faire la publicité, de l'ouvrir aux recalés tandis qu'il sera crée un prêt complément d'un montant de 300 euros. Et puisque l'on parle de sou, une concertation sera parallèlement engagée, notamment avec les collectivités territoriales, pour simplifier le paysage des aides financières au permis, devenu trop peu lisible. L’objectif est d’aboutir à la mise en place d’un guichet unique.


Enfin, pour mettre en musique tout ça, la profession devra s’engager dans une démarche de modernisation. Des consultations seront lancées dès 2015 sur la rénovation de l'agrément avec un contrôle qualité tandis qu'elle serait impliquée dans la location du véhicule à double-commande qui refait ici surface. Une réflexion sur les effets de la norme des 20h00 obligatoires sera aussi d'actualité. Entre autres impératifs de la profession.


Au final, on sent la volonté d'une démarche à long terme basée sur des solutions qui ont fait leur preuve, le tout pour une nouvelle génération de conducteur très tôt sensibilisé à la conduite. Et sans doute suivi dans leur vie d'usager de la route. Le principe est bon, l'objectif est partagé par un ensemble d'acteurs dont le rayon va jusqu'à la société civile et le but reste une amélioration de la sécurité routière. On n'est plus dans le seul ministère de l'intérieur sanctionnant à tout va en dépensant tout son budget sur la thématique dans la floraison frénétique d'un radar pour contrôler l'allure sur une route. Pas si mal.