Il est vingt-deux heures, plongeons-nous dans un autre événement durant lequel les nouveaux moyens de locomotion apparus durant les deux siècles passés jouèrent un rôle crucial.


Ici il s’agit du train, du train durant la guerre qui suivit la révolution russe de 1917. Trotsky en parle très bien dans un texte : « Le train faisait la liaison entre le front et l'arrière, résolvait sur place les questions urgentes, instruisait, lançait des appels, ravitaillait, châtiait et récompensait. (…)Il s'y trouvait un secrétariat, une imprimerie, une station télégraphique, une de radio, une d'électricité, une bibliothèque, un garage et des bains. (…) et le train, dans la fièvre de la guerre, contrevenant à toutes les règles de la prudence, roulait sur des traverses brisées, à une vitesse de plus de soixante-dix kilomètres à l'heure, de sorte que la carte suspendue au plafond du wagon allait et venait comme une balançoire. (…) Le train comprenait un immense garage contenant plusieurs automobiles et un wagon-citerne à essence. Ainsi pouvait-on s'écarter du chemin de fer à des centaines de verstes. Sur les autos-camions et voitures légères prenait place une équipe de vingt à trente hommes, fusiliers et mitrailleurs d'élite. Ma voiture était également armée de deux mitrailleuses. Une guerre de manoeuvres est toujours pleine d'imprévu. »


Le train était très réclamé par les révolutionnaires, et très attendu. On comprend pourquoi : « La nouvelle de l'arrivée du train pénétrait aussi, bien entendu, dans les rangs ennemis. Là, on se représentait ce convoi mystérieux comme beaucoup plus terrible qu'il n'était en réalité. Et son influence morale n'en était que plus grande. »