Rouler en Morgan, c’est refuser la modernité. En contrepartie, vous avez l’assurance d’effectuer un voyage spatio-temporel, à bord de ce qui demeure l’ultime roadster « made in England ». Et opter pour la grosse version « Plus 8 », c’est aussi s’offrir une bonne dose de sensations fortes. Bref, rouler en Morgan Plus 8 est un bonheur total !




Morgan de toi !

Repères

Production

1968 – 2004

Puissance

DE 157 A 193 ch

Cote 2012 :

À partir de 40 000 €

En 1909, H.F.S Morgan parvient à séduire une large clientèle grâce à ses tricycles, qui se posent en bon compromis entre les 2 roues et les traditionnelles voitures. Ce n’est qu’à partir de 1936 que la firme de Malvern Link cède aux sirènes du « confort » en lançant sa première auto. Il s’agit d’un roadster minimaliste, le rustique 4-4, nom donné en référence à ses 4 roues et à la présence de son 4 cylindres sous le capot. C’est précisément ce roadster au charme intemporel qui fera la fortune de Morgan… et qui est toujours au catalogue aujourd’hui ! Certes, entre-temps, cette voiture culte assemblée à la main a bénéficié de nombreuses améliorations, même si elle reste fidèle à ses fondamentaux, comme sa carrosserie rétro en aluminium, fixée sur une structure en frêne, ou son essieu rigide à l’arrière. La révolution arrivera en 1968, avec l’introduction sous le long capot d’un gros V8. Ainsi naquit la bien nommée Morgan Plus 8, qui adopte le V8 3.5 d’origine Buick déjà monté sur pas mal de voitures anglaises, comme la Rover 3500 ou le Range Rover. Sa puissance de 157 ch n’a rien d’exceptionnelle (ni son rendement !), mais l’engin ne pèse que 830 kg, ce qui rend les choses beaucoup plus attrayantes. Sportive et physique à conduire, la Plus 8 aura droit à des déclinaisons plus puissantes (193 ch), jusqu’en 2004, qui marque au nom des normes anti-pollution l’arrêt de ce moteur… mais pas de cette inoxydable Morgan. Elle a juste changé de nom, en devenant « V6 » clin d’œil appuyé cette fois au moderne moteur Ford qui l’anime…


 



Sur la route


C’est la tête rentrée dans les épaules, le coude gauche lové dans l’échancrure de la portière, les mains agrippées à la jante du volant, que l’on aborde la route couteau entre les dents, prêt à faire un fabuleux voyage dans le temps. En prenant de la vitesse, chose aisée tant le V8 déborde de couple (275 Nm à 2 500 tr/mn), la vue se brouille, phénomène sans doute amplifié par la sécheresse de l’amortissement, aussi dur qu’un noyau de pêche. Il est vrai que le train avant, antédiluvien, n’est pas un modèle de précision, tandis que l’archaïque pont arrière génère des réactions imprévisibles. Les coups de « raquette » sont légion, avec des écarts de conduite pour le moins étonnants. Et que dire de la direction « insistée », certes précise, mais qui demande de la poigne pour inscrire le train avant. Quant au freinage, assuré par de pauvres tambours à l’arrière, il ne rassure pas non plus tant il manque cruellement de mordant.


Morgan de toi !

La boîte de vitesses manuelle à 5 rapports est heureusement plus contemporaine dans son approche, avec un guidage satisfaisant. Mais là encore, la souplesse du V8 dispense de changer fréquemment de rapport. Tant mieux, car le pédalier, étriqué, n’incite pas à jouer de l’embrayage. Alors, l’enfer, cette Morgan ? Non, le paradis, car voilà enfin une auto vivante et authentique que l’on conduit avec les fesses en prenant à chaque fois un immense plaisir. A son volant, c’est du « sans filtre » en permanence, en vous trouvant en prise directe avec les éléments !




A vérifier avant d’acheter


Rouler dans une auto des années 30 assemblée dans les années 80-90, cela représente bien des avantages, notamment celui d’acheter une voiture conçue avec les techniques d’aujourd’hui. Ça, c’est la théorie, car Morgan ne fait jamais rien comme les autres ! Passons sur la fiabilité mécanique, réelle, puisque les Morgan (dont la Plus 8), font appel à des blocs issus de la grande série, éprouvés sur d’autres modèles, de surcroît beaucoup plus lourds (Fiat, Ford, Rover pour les exemplaires des années 80…). Le problème numéro 1 reste la structure de la caisse, qui doit être impeccable, sous peine de rentrer dans des frais de remise en état pouvant largement dépasser la valeur de l’auto. Sachez que la galvanisation ne fut appliquée qu’à partir de 1986… et en option seulement ! Dommage, car le fragile châssis en acier, dont les longerons ont un profil ouvert en forme de « Z », aime particulièrement la rouille. Idem pour l’ossature en frêne, qui reçoit un traitement efficace contre la pourriture seulement à partir de 1986. Avant d’acheter une Morgan antérieure à cette année charnière, vous aurez donc intérêt à l’ausculter sous toutes les coutures et à la mettre sur un pont. Profitez-en pour vérifier l’état du train avant (avec direction à vis et à doigt sur tous modèles, sauf sur Plus 8 à partir de 1985), qui a tendance à prendre du jeu (usure anormale des pneus). D’ailleurs, tout prend du jeu, y compris les panneaux de carrosserie : Morgan préconise de les resserrer au moins une fois tous les 6000 km !



Morgan de toi !



Notre version préférée


Qu’elle soit ancienne ou récente, une Morgan Plus 8 reste avant tout une voiture rustique à souhait, offrant des sensations de conduite finalement très comparables. Le kilométrage étant peu important sur ce type d’auto « plaisir » vouée d’abord à la balade, il faudra donc mettre en particulier l’accent sur l’état général, afin d’éviter de coûteuses remises en état. Car si la mécanique, issue de la grande série, ne pose guère de problème particulier, les autres pièces sont en revanche souvent spécifiques et réclament de nombreuses heures de main d’œuvre. C’est notamment le cas de la structure en bois de frêne, ou des panneaux de carrosserie en aluminium formés à la main, réclamant bien sûr des compétences spécifiques pour la moindre réparation. Après, plus la Morgan convoitée est récente, et moins elle est sujette à d’éventuels problèmes (l’inverse étant proportionnellement vrai !). Afin de mettre le maximum de chances de votre côté, privilégiez un modèle postérieur à 1986, traité en principe contre la corrosion au niveau du châssis, mais aussi contre la pourriture pour l’ossature en bois. Côté moteur, vous aurez droit au bon vieux V8 3.5 à carburateurs, qui développe 157 ch. C’est déjà plus qu’il n’en faut pour se faire plaisir tant l’auto est légère. Si vous êtes du genre exigeant, choisissez l’une de dernières versions, animée par le V8 3.9 Rover développant cette fois 193 ch. Les performances s’envolent (0 à 100 km/h en 6 secondes, 200 km/h), mais les prix aussi : comptez 50 000 € environ…






Fiche technique : Morgan Plus 8, 1986


Moteur : 8 cylindres en V avant, longitudinal

Cylindrée : 3528 cm3

Couple maxi : 27,5 mkg à 2 500 tr/mn

Puissance maxi : 157 ch à 5250 tr/mn

Alimentation : deux carburateurs 

Transmission : aux roues arrière. Boîte mécanique à 5 rapports

Direction : à crémaillère, non assistée

Freinage : disques AV, tambours AR

Dimensions (L x l x h en m) : 3,73 x 1,58 x 1,32

Poids : 830 kg

Pneumatiques (AV et AR) : 205/60 VR 15

Vitesse maxi : 197 km/h








On aime

Charme rétro intemporel

Sensations de conduite

Performances satisfaisantes

Valeur sûre







On aime moins

Position de conduite/ergonomie

Inconfort total

Comportement déroutant

A acheter en connaissance de cause !






Conclusion


Aux commandes d’une Plus 8, on apprend à redécouvrir une route que l’on croyait pourtant connaître par cœur. Désormais, chaque bosse, le moindre trou ou pavé mal nivelé prend toute sa dimension. Et, cerise « on the cake », on reste souvent en deçà des limitations de vitesse, castratrices en voiture moderne, mais calibrées comme il faut lorsque l’on roule en Morgan. Car sans même conduire vite, on redécouvre la joie de rouler, non pas en survolant, ni en traversant, mais en habitant un paysage. Une saveur « so british » incomparable…


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