Après un accord avec NSU en 1951 qui lui donne les moyens d'expérimenter ses recherches, il touche enfin au but six ans plus tard. Un premier moteur "tourne" au banc d'essai du service de recherches de la marque en février 1957. Les performances sont prometteuses mais la fiabilité encore très aléatoire. NSU devra patienter trois ans de plus avant d'entreprendre les premiers essais "roulants". Des essais laborieux mais suffisamment convaincants pour décider la commercialisation d'une voiture dotée de cette motorisation. Un joli spider propulsé par un simple rotor de 497 cm3 est dévoilé à Francfort en 1963. La première voiture au monde équipée d'un moteur rotatif produite en petite série suscite des commentaires flatteurs. NSU est conforté dans ses choix, d'autant que nombreux constructeurs décident d'acquérir à prix d'or des licences de fabrication.

Si ce commerce se révèle principalement fructueux pour Felix Wankel, il va néanmoins permettre le financement du projet Ro80 animé cette fois par un double rotor. NSU veut un écrin parfait pour mettre en valeur son moteur rotatif et choisit les solutions techniques parmi les plus sophistiquées de l'époque : traction avant, suspension à quatre roues indépendantes, quatre freins à disque, direction assistée... Elle est moderne dans le moindre détail et en avance sur son temps avec des équipements encore peu habituels comme une lunette dégivrante, des feux de recul oui encore un siège conducteur réglable en hauteur. Et puis, la Ro80 est belle. Aussi longue, mais plus racée qu'une BMW ou une Mercedes, ses rivales de l'époque, elle innove avec sa silhouette en coin. Une solution inédite alors, mais traitée avec beaucoup d'élégance qui lui permettra ne jamais faire réellement son âge.

Bien accueillie par la presse (elle sera couronnée voiture de l'année 1967), la Ro80 doit maintenant convaincre le public. En dépit d'un tarif élevé, elle remporte d'abord un vif succès. Son caractère innovant, son excellent comportement routier, son confort et son silence d'utilisation font l'unanimité. Toutes ces qualités n'arrivent cependant à masquer sa faiblesse majeure liée paradoxalement à sa célébrité : son moteur rotatif. Dénaturé par une boîte semi automatique, il affiche bien une grande souplesse, mais manque de vigueur et affiche un féroce appétit en carburant. Plus grave, les problèmes d'entretien se multiplient (remplacement fréquent des bougies, consommation d'huile extravagante) et on ne tarde à parler d'une fiabilité aléatoire. L'espérance de vie du double rotor ne dépasse pas, en effet, les 60 000 km ! Cette mauvaise réputation conjuguée à une image devenue floue après la fusion de NSU avec Audi d'abord, puis une intégration totale au sein du groupe Volkswagen finira par décourager les amateurs. La flambée des prix de l'essence après les chocs pétroliers finira par effaroucher les derniers irréductibles. L'ultime survivante de la marque NSU s'éteindra en 1977 dans l'indifférence générale, entraînant avec elle le moteur rotatif, qui ne se remettra jamais, du moins en Europe*, de ce cuisant échec.

*Mazda acheta en 1961 l'une des premières licences de fabrication d'un moteur rotatif. Deux ans plus tard, le premier moteur japonais tournait au banc et apparaissait sur un coupé Cosmo en 1967. A force d'entêtement et d'expérimentation, Mazda a réussi à donner au rotatif un degré de fiabilité inimaginable dans les années 70. Depuis 1967, le label "Rotary Engine" figure régulièrement au catalogue Mazda et près de deux millions de véhicules à moteur rotatif ont été vendu. Enfin, pour la petite histoire, Mazda triompha aux 24 Heures du Mans 1991 avec un prototype animé par un quadri rotor suralimenté par un turbocompresseur.

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