Sous le déluge

Sous le déluge, Lauda refuse de poursuivre une course qu'il juge dangereuse et perd le titre. La presse italienne se déchaîne et si Enzo Ferrari ne condamnera jamais publiquement son abandon volontaire, il ne lui apportera pas davantage son soutien. Dès lors quelque chose d'irrémédiable s'est brisé, même s'il signe un nouveau contrat pour 1977. L'atmosphère devient vite irrespirable. Roberto Nosetto remplace Audetto et Lauda le jugeant parfaitement incompétent décide de l'ignorer ne dialoguant plus qu'avec Ermano Cuoghi, son chef mécanicien. Avec Reutemann, c'est pire. Ils se détestent ouvertement et Lauda va s'acharner à le ridiculiser chaque fois qu'il le pourra. Six mois après son accident, ilrenoue avec la victoire en Afrique du Sud, gagne encore deux fois, prend la tête du Championnat et décide de contenir le retour de la Lotus d'Andretti, en raflant simplement les points indispensables. Sacré à l'issue du GP des Etats-Unis, il s'offre une dernière revanche en renonçant à s'aligner dans les deux dernières épreuves de la saison. À son retour à Maranello, l'entrevue avec Enzo Ferrari tourne à l'orage.

Le Commendatore alterne colère et séduction, mais Lauda ne veut plus rien, pas même plus d'argent, simplement s'en aller. Deux saisons suivront au sein du Team Brabham, ponctuées de deux victoires, mais surtout de déconvenues . La passion s'est émoussée et quelques minutes seulement avant la première séance d'essais du GP du Canada 1979, il quitte discrètement le circuit, laissant même son casque dans le stand. Une vraie rupture qui l'emmène à changer de vie et s'attacher à faire prospérer "Lauda Air", la compagnie aérienne qu'il vient de créer. Tout va bien quelques temps et puis la tempête se déchaîne. La concurrence se mobilise pour écraser le nouveau venu et après un redressement fiscal particulièrement salé, "Lauda Air" est au bord du gouffre. Vendant très cher ses commentaires à des chaînes TV allemandes, Lauda reprend contact avec la F1 en 1981. Les rumeurs d'un éventuel retour deviennent bientôt une réalité. Séduit par le potentiel de la McLaren MP4 à coque carbone, mais aussi par les dollars de Marlboro, il signe un contrat dont le montant inédit fait de lui le pilote le plus payé de l'histoire. (certains ont fait beaucoup mieux depuis...).

Il découvre que la F1 a bien changé depuis son départ et que les contraintes physiques imposées par l'appui des F1 modernes imposent une condition irréprochable. Un nouveau challenge qui ne fait que le stimuler un peu plus et très vite tout est clair. Le "Grand" Lauda est de retour et le prouve en triomphant dès le quatrième GP de la saison 1982. Après une saison en demi-teinte faute de moteur turbo en 1983, les McLaren retrouvent des ailes en 1984. Propulsées par le V6 turbo TAG-Porsche, elles survolent la saison dans les mains de Lauda et de Prost. Le Français sera son plus son rude adversaire et il ne s'inclinera que d'un 1/2 point lors de l'ultime Grand Prix. Pour Lauda, ce troisième titre mondial sera le plus beau, car il sera le plus chèrement acquis. En 1985, il promet d'aider Prost pour le titre, faute de mieux... N'ayant pu faire aboutir ses prétentions financières et, donc, en conflit avec Ron Dennis, il fait sans doute la saison de trop. Réunissant les journalistes au GP d'Autriche, il dira simplement : "Motivation en baisse, Lauda Air en hausse, je m'en vais."

Repères

Né le 22 février 1949 à Vienne

1968 : débuts en course de côte avec une Mini Cooper

1971 : débuts en F1 au GP d'Autriche

1974 : 1ere victoire en F1 au GP d'Espagne

Bilan F1 :

Champion du monde 1975, 77 et 84

171 GP disputés, 25 victoires, 24 pole-positions, 25 meilleurs tours en course

Forum :

  • [Quel est le plus grand pilote de F1 de tous les temps ?
  • >http://forum-auto.caradisiac.com/sqlforum/section3/sujet260836.htm]


Lire aussi :

  • [Derek Bell
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