Comme Patrick Garcia l'annonçait hier soir, Christian Streiff, président du directoire de PSA depuis seulement 2 ans, vient d'être remercié par le conseil de surveillance du groupe. Une séparation sans ménagement qui l'a fortement étonné, estimant cette décision du conseil de surveillance "incompréhensible", même si les rumeurs et certaines informations la laissaient fortement présager.

C'est par un communiqué de presse extrêmement laconique que la nouvelle a été annoncée hier par le groupe :"Le Conseil de Surveillance de PSA Peugeot Citroën, réuni dimanche 29 mars 2009 sous la présidence de Thierry Peugeot, a mis fin au mandat de Christian Streiff, Président du Directoire, et a nommé Philippe Varin à cette fonction à compter du 1er juin 2009."

Toutefois, un détail saute aux yeux dans ce communiqué, qui met en évidence que le débarquement de Christian Streiff s'est fait dans la douleur : son mandat se termine en effet dès maintenant, alors que son remplaçant, Philippe Varin, ne prendra ses fonctions qu'au 1er juin. En attendant, la présidence sera effectuée par interim par Roland Vardanega, membre du Directoire.

Les raisons de ce renvoi sont multiples. Il y a d'abord les inquiétudes des actionnaires, avec la famille Peugeot en tête, qui détient à la fois 30,27% du capital et 44,87% du droit de vote, sur l'état de santé même de Christian Streiff. Celui-ci peine en effet à se remettre d'un accident cérébral survenu l'année dernière. Des inquiétudes qui ne cessaient d'enfler à cause d'une politique incomprise de beaucoup, car floue et changeant régulièrement d'objectifs, alors que la crise économique mondiale frappait durement le secteur automobile et nécessitait des plans précis et réfléchis. Isolé et en conflit avec de nombreux cadres de l'entreprise, c'est d'ailleurs cette crise qui scelle le sort de Christian Streiff. Avec des ventes mondiales en recul de 4,9% et 343 millions de pertes en 2008, ainsi que des objectifs de rentabilité du plan Cap 2010 qui ne seront pas atteints, il n'a pas su réagir, s'opposant même à une alliance avec Fiat, ainsi qu'à l'entrée de l'Etat dans le capital de PSA.

Hier soir, Christian Streiff s'est fendu lui-même d'un communiqué pour exprimer son sentiment : "La décision du conseil de surveillance de PSA intervient alors que les résultats de la politique définie et mise en oeuvre avec les équipes depuis deux ans permet au groupe PSA d'être bien armé face à la crise", notamment par "la différenciation accrue des deux marques et la réussite du lancement de nombreux nouveaux modèles, le développement international, le renforcement du leadership environnemental", des résultats que "La communauté économique et financière a salué". Il juge donc cette décision du conseil "incompréhensible".

Philippe Varin, 56 ans, succède donc à Christian Streiff et aura la lourde tâche de sortir PSA de la crise, un sauvetage qu'il a su assurer pour Corus. Arrivé à la tête de ce groupe sidérurgique en 2003 alors que ce dernier accusait de lourdes pertes, cet ancien de Polytechnique et des Mines qui a débuté sa carrière chez Péchiney est parvenu à redresser la barre jusqu'à le rendre finalement bénéficiaire. Il prendra connaissance des équipes et des activités du groupe à partir du 15 avril avant d'en prendre la tête le 1er juin. Thierry Peugeot s'est déclaré "convaincu que, sous la direction de Philippe Varin, le groupe PSA Peugeot Citroën sera à même, avec l'ensemble des équipes, de révéler tout son potentiel".