Dans le Big Three, Ford est le seul à ne pas avoir voulu profiter de l’aide de l’Etat américain. Ironie du sort quelques mois plus tard, alors que le terme « faillite » est de plus en plus souvent employé à propos de General Motors et Chrysler, le constructeur à l’ovale bleu, lui, vient de réduire sa dette de presque 10 milliards de dollars.

Au 31 décembre 2008, la dette de Ford était de 25,8 milliards de dollars, fruit de près de 30 milliards de pertes nettes cumulées depuis 2006, dont la moitié pour la seule année 2008. Pourtant, malgré ses résultats laissant imaginer le pire pour le deuxième constructeur américain, il avait refusé l’aide financière de l’Etat pendant que ses deux compères se partageaient 17,4 milliards de dollars.

Mais cela ne lui a pas empêché de se retrousser les manches. Mettant en place un programme de restructuration en accord avec l’UAW, syndicat américains des travailleurs de l’automobile, Ford a pu renforcer son bilan financier, en parvenant à réduire sa dette obligataire de 9,9 milliards de dollars, soit 7,5 milliards d’euros et 38% de sa dette. Mieux encore, grâce aux intérêts en moins à rembourser, le groupe devrait économiser 500 millions de dollars, soit 375 millions d’euros, par an. Pour y parvenir, le constructeur américain va puiser 2,4 milliards de dollars dans sa trésorerie et émettra 468 millions d’actions supplémentaires pour le financer.

Cette nouvelle de bon augure pour le futur de Ford a eu un effet immédiat sur le titre en bourse, qui a augmenté de 16% hier, atteignant 3,77 dollars soit son plus haut niveau depuis octobre 2008, et, même si tout n’est pas encore gagné, pose clairement Ford comme le moins mal en point des trois.

Car pendant ce temps, General Motors et Chrysler continuent à nager en eaux profondes. Tandis que le premier hypothèque Opel pour obtenir des crédits d’urgence, l’avenir du second semble dépendre entièrement de l’issue de l’accord avec Fiat, qui prendrait 20 à 35% de son capital en échange de son savoir-faire et de sa technologie.