Une semaine après que Valeo ait annoncé avoir saisi la justice dans l’affaire des micros, Thierry Morin, ancien PDG et directement mis en cause, est enfin sorti de son silence : il a qualifié de procédure normal l'enregistrement des réunions du conseil d’administration et entend bien conserver sa prime de départ de 3,2 millions d’euros qu’il n’estime pas « illogique ».

Nouveau rebond dans le feuilleton Valeo : après que Thierry Morin ait été accusé par une ancienne employée d’avoir fait installer des micros dans une salle où se réunit le conseil d’administration et où auraient notamment été discutées les modalités de son départ et que l’équipementier ait décidé de porter l’affaire en justice quelques semaines plus tard en n’excluant pas de se faire rembourser la prime de départ de l’ancien PDG, c’est au tour de ce dernier de monter au créneau pour se défendre dans un interview accordé au Figaro hier.

D’abord au sujet des écoutes : il s’agirait selon Thierry Morin d’une procédure tout à fait normale en raison d’un contexte difficile du fait de la présence d’un actionnaire hostile durant ces réunions, et son rôle serait en fait purement pour « éviter les contestations des procès-verbaux ». Il insiste de plus sur le fait que tous les administrateurs étaient parfaitement au courant et qu’un témoin lumineux s’allumait quand l’enregistrement commençait.

Autre sujet épineux : son parachute doré, pour lequel cette affaire des enregistrements ne serait qu’une excuse pour pouvoir le faire supprimer. Car selon Thierry Morin, ces 3,2 millions d’euros d’indemnités de départ qui lui ont été attribués après sa démission pour « divergences stratégiques » sont tout à fait justifiés : « Je ne trouve pas illogique, après vingt années passées dans une entreprise que je quitte contre mon gré, de partir avec deux années de salaire ». Si les actionnaires décidaient d’exiger le remboursement de cette prime, il s’agirait selon lui de « la remise en cause d’un contrat signé et exécuté » avant de conclure « Je ne vois pas à quel titre on peut remettre en question la décision du conseil d'administration du 20 mars actant les modalités de mon départ ».

La pression est pourtant extrêmement forte pour qu’elle soit justement remise en question : Brice Hortefeux, ministre du Travail, trouve « inconcevable » une telle prime alors que l’entreprise a perdu 207 millions d’euros en 2008 et le Premier Ministre François Fillon s’y est aussi déclaré opposé, de par la présence de l’Etat à hauteur de 8% dans le capital de Valeo.