Carlos Ghosn, président de Renault-Nissan était ce matin l'invité d'Europe1, l'occasion pour lui de faire le point sur la situation du groupe et d'évoquer l'avenir. L'électrique, Alonso, la crise, l'emploi ont été les sujets abordés.

Carlos Ghosn a confirmé que Renault Nissan faisait le pari du 100% électrique et du zéro émission et qu'il faisait l'impasse sur les motorisations hybrides, "parce que ce n'est pas ce que veulent les clients. L'hybride n'est qu'une évolution du moteur thermique qui réduit la consommation. Ce qu'il faut c'est du zéro émission. Nous allons le faire parce que nous y croyons. Les autos seront prêtes en 2011 et la vraie commercialisation de masse débutera en 2012.

Nous allons sortir 6 modèles, 3 Renault et 3 Nissan. Il y aura une citadine, une berline et un utilitaire. Les Renault seront présentées à Francfort, les japonaises à Tokyo en fin d'année".

Pour le patron de Renault-Nissan, la crise en Europe va se poursuivre en 2010 et il ne voit pas de rebond avant 2011. "Les primes à la casse instaurées un peu partout en Europe vont s'arrêter en 2010 et la pression à la baisse va être forte. Il faut accompagner en douceur cet arrêt pour éviter de grosses chutes. Selon moi, La relance va démarrer aux Etats Unis et dans les pays émergents au premier trimestre 2010, et seulement 1 an plus tard en Europe et au Japon. En attendant, il nous faut "charger" nos usines. Nous ne sommes pas dans une stratégie de réduction des effectifs.

À Sandouville, nous transférons la production d'utilitaires, à Flins, nous avons rapatrié la production de la Campus et le site accueillera la production des voitures électriques. C'est ce qui permettra de garder l'emploi en France. Nous voulons également produire les batteries en France. Ça nous permet d'avoir une bonne occupation de nos sites."

Au plan Mondial, Carlos Ghosn précise que contrairement à d'autres, Renault-Nissan n'a pas de problème de taille critique et qu'il ressortira renforcé de la crise alors que certains cherchent à nouer dans l'urgence des alliances et des coopérations. Pour réussir, il faudra être "présent partout, notamment en Inde et en Chine, un marché qui n'a pas connu la crise puisqu'il est passé temporairement devant celui des USA avec une hausse moyenne de 40% ."

Concernant le prêt de 3 milliards octroyé par l'Etat, Ghosn est clair : "Le problème est qu'il y a 3 mois en arrière, plus personne ne voulait prêter de l'argent aux entreprises. L'Etat nous a prêté 3 milliards à 6%, un taux qui n'a rien d'extraordinaire aujourd'hui puisque c'est celui du marché. Toutefois, l'action du gouvernement avec notamment l'instauration de la prime à la casse critiquée par nos voisins avant qu'ils ne nous imitent était pertinente. Je leur donne une note proche du 10/10."

Pour finir, les questions ont tourné autour de la F1, du manque de résultat et de son utilité en temps de crise : "En interne, la popularité de la F1 est très grande. En ce sens, elle est utile. Certes, nous n'avons pas fait de bons résultats et vous dire que ça me convient serait faux. Mais je note quand même que les Red Bull qui ont un moteur Renault marchent très bien.

Alonso ? Pour moi, il reste chez Renault l'an prochain. Mais il vaut mieux lui demander à lui. "

Il a également pointé du doigt la redistribution de l'argent en F1 en disant qu'il est anormal que les organisateurs récupère plus de 50% des revenus de la F1. Ceux qui font le show doivent avoir plus."

C'est d'ailleurs ce qui ce négocie et qui est à l'origine des tensions actuelles en F1.