Le prêt de 6 milliards d’euros du gouvernement aux constructeurs automobiles français fait bien grincer bien des dents dans la communauté européenne et pour plusieurs raisons différentes.

Hébergeant des usines PSA, la Slovaquie et la Tchéquie, qui a été nommément citée par Nicolas Sarkozy lors de l’émission "Face à la crise" de la semaine dernière et dont le pouvoir est conforté par sa présidence de l’Union Européenne, se sont offusquées qu’en contrepartie du prêt soit exigé un maintien des usines en France, signe selon eux d’une montée du protectionnisme et même d’un nationalisme économique. L’objectif clairement affiché sera de "dire clairement non" à ce plan à l’issue d’un sommet extraordinaire des pays de l’Union Européenne qui aura lieu avant la fin du mois.

L’Allemagne n’est pas non plus en reste : "Nous devons nous assurer que personne ne va bénéficier d'un avantage concurrentiel. Aucune mesure en contradiction avec les règles européennes ne devrait être approuvée", selon le ministre allemand Peer Steinbrück, la Fédération de l'industrie allemande se déclarant même "alarmée au plus haut point". Le ministre de l’économie suédois, Anders Borg, a de plus qualifié le plan français de "problématique pour son pays" lors d’une réunion des ministres des Finances des 27 pays de l'Union européenne.

Devant une telle levée de boucliers, la Commission européenne, par l’intermédiaire de son porte-parole Jonathan Todd, s’est déclarée préoccupée par le plan français pouvant aller à l’encontre du droit communautaire, faisant suite à l’entretien qu’avaient eu Luc Chatel, secrétaire d’Etat à l’Industrie, et Neelie Kroes, commissaire européenne à la concurrence, la semaine dernière. La conclusion paraît sans appel : il n’est pas envisageable d’obliger à n’investir qu’en France, ou d’acheter des pièces détachées en France, en échange d’aide. Cela va tout simplement à l’encontre des règles européennes.

Le ministre français de la Relance, Patrick Devedjian, a été le premier à réagir à cette salve de critique, en annonçant qu’il allait se lancer dans un tour d’Europe des capitales afin de tenter de coordonner les différentes actions. Christine Lagarde, ministre de l'Economie, a pris la relève ce matin sur Canal+ en confirmant que l'important était de lancer une action plus concertée des Européens en matière d'industrie automobile : "on ne doit pas s'orienter vers un protectionnisme qui serait désastreux pour toutes nos économies".