Depuis le 1er octobre 2008, vous êtes même passible d’une amende si vous ne disposez pas d’un triangle de présignalisation à bord de votre véhicule. Ce dispositif, associé au gilet réfléchissant, doit être utilisé en cas d’arrêt intempestif sur le bord de la chaussée, en étant placé à au moins 30 mètres à l’arrière du véhicule, afin de rendre ce dernier plus visible pour les autres usagers de la route. En cas d’absence de ce triangle, cela vous en coûtera une amende forfaitaire de 135€ pouvant être minorée à 90€.

Voilà pour la théorie. Mais dans la réalité, les choses seraient bien différentes. En effet, appuyée par l’Association des sociétés françaises d’autoroutes, la Société des Autoroutes Paris-Normandie (SAPN) vient de déclencher une polémique, déclarant dans un rapport que l’utilisation de ce triangle conformément aux directives de la Sécurité Routière "constitue une mise en danger manifeste de la vie du conducteur". Ce n’est bien sûr par l’objet en lui-même qui représente un danger, étant totalement inoffensif si on prend garde à ne pas se pincer un doigt en le dépliant, mais de sa mise en place et les 30 mètres à parcourir sur le bord de la route ou sur la bande d’arrêt d’urgence, endroit extrêmement dangereux où l’espérance de vie du piéton égaré ne dépasse pas quelques minutes.

Pourquoi ce silence de 6 mois avant ces déclarations ? C’est en fait la Délégation à la Sécurité et à la Circulation Routière qui a mis récemment le feu aux poudres par le biais d’une note expliquant que l'utilisation du triangle "ne s'applique pas s'il y a mise en danger manifeste de la vie du conducteur".

Seulement selon la SAPN, à partir du moment où un conducteur se retrouve sur le bord de la route, c’est en soi une situation potentiellement mortelle. Comme le rappelle les sociétés d’autoroute depuis des années, en cas d’immobilisation sur la bande d’arrêt d’urgence, il faut mettre ses warnings, enfiler son gilet, sortir par la porte côté passager et se mettre à l’abri à l’écart de la route ou derrière la glissière de sécurité. Comme l’a expliqué un porte-parole, "nous expliquons aux automobilistes qu'il est dangereux de circuler, en voiture ou à pied, sur la bande d'arrêt d'urgence, il n'est donc pas cohérent d'utiliser le triangle sur cette bande".

Dans un communiqué à l’AFP, Michèle Merli, déléguée interministérielle à la Sécurité Routière, a expliqué qu’il tenait à l’appréciation de chacun de déterminer la dangerosité de la situation et de l’installation ou non du triangle, tout en concédant que "globalement, sur autoroute, il est plutôt dangereux de le mettre".