Ouvert du 11 au 25 janvier, le Salon de Détroit NAIAS 2009 sera le théâtre de la présentation de pas moins de 58 modèles, dont 44 en exclusivité mondiale. Pourtant, sous cette apparente bonne santé, l’ambiance risque d’être bien morne et les sourires un peu forcés. Difficile en effet d’oublier la crise et l’épée de Damoclès de 17,4 milliards suspendue au dessus de la tête des Big Three, Ford, Chrysler et General Motors.

Le Salon de Detroit, grande messe automobile américaine, s’est ouvert dimanche dernier dans une ambiance bien morose. Difficile évidemment de célébrer cette vieille dame alors que, plus encore qu’ailleurs, elle est sous assistance respiratoire outre Atlantique. Certains constructeurs sont purement et simplement absents, comme Suzuki, Porsche, Ferrari, Land Rover et Nissan, préférant limiter les coûts et se réserver pour les salons de Los Angeles ou New York.

Les chiffres quant à eux sont tout simplement désastreux : les ventes ont chuté de 18% en 2008 par rapport à 2007, avec 13,2 millions de véhicules écoulées, équivalent à ceux de 1992, date de la dernière crise. Pire encore, la part des marques « domestiques », General Motors, Ford et Chrysler est passée de 60% il y a 5 ans à 47% en 2008. Et les prévisions ne sont pas vraiment optimistes pour 2009. On parle en effet d’entre 10,5 et 12 millions de véhicules vendus, des chiffres qu’on n’avait pas vu depuis 1992 alors que les Etats-Unis comptaient 70 millions de conducteurs de moins qu’aujourd’hui.

Le plus fragile des Big Three est sans aucun doute Chrysler qui, après s’être séparé de Daimler, a vu ses ventes dégringoler de 53% entre décembre 2007 et 2008. Le constructeur a d’ailleurs déjà annoncé des bénéfices en baisse de 16 à 17 milliards de dollars pour 2009, avec 600 000 voitures vendues en moins malgré les 4 milliards d’aide reçus. Le problème ? Depuis sa séparation avec Daimler, sa gamme comporte trop de 4x4, une catégorie dont les américains commencent à se détourner.


Point info de 15h : ambiance morose au Salon de Détroit

Car comme au Mondial de Paris 2008, les véritables stars du salon de Détroit sont véritablement minuscules, selon les standards américains, et consomment peu de carburant quand elles ne sont pas électriques ou hybrides. Ford va ainsi y commercialiser la Fiesta et la Focus européennes en attendant un modèle électrique en 2011 (avec 5 à 10 000 ventes prévues) et quatre nouveaux modèles hybrides en 2012. Malgré ses difficultés plus importantes, Chrysler prévoit de présenter 24 nouveaux modèles dans les 4 années à venir, tandis que General Motors, qui supprimera 31 500 emplois d’ici 2012, mise beaucoup sur la Chevrolet Spark, connue ici sous le nom de Matiz, et qui fera ses premiers pas sur le sol américain en 2011.

Malheureusement, ces dates de sortie semblent bien lointaines quand on se rappelle l’échéance du prêt de 17,4 milliards de dollars concédé par le Congrès américain. Les Big Three ont en effet jusqu’au 31 mars 2009 pour prouver qu’ils sont devenus rentables s’ils ne veulent pas avoir à le rembourser, et ce ne sera pas une mince affaire d’y parvenir.

Autre signe d’un changement d’époque, à l’appel du syndicat de l’automobile de l’UAW, des employés de l’industrie automobile manifestent devant le salon, brandissant la bannière étoilée et appelant à acheter des produits conçus et assemblés aux Etats-Unis. Le protectionnisme au secours de la crise.