Ségolène Royale a-t-elle fondu un fusible ou a-t-elle sciemment joué la décharge ? La présidente de la région Poitou-Charentes, mais aussi la vice-présidente de la nouvelle banque publique d'investissement, a mis les doigts dans la prise de la Mia, un véhicule qui doit, en partie, sa construction au blason Heuliez. Ancrée dans les Deux-Sèvres, et donc dans la région concernée, cette entreprise est prête à sombrer. Un drame social en vue mais aussi plus, égoïstement, un préjudice politique qu'il va falloir amortir. Alors pourquoi pas pointer du doigt des coupables ?

"La voiture électrique, ça ne se vend pas, malheureusement. Même les administrations ne se sont pas équipées, même le ministère de l'Écologie n'a pas acheté de véhicules électriques. C'est dramatique de ne pas croire à la mutation écologique. Pourquoi tous les ministres, les administrations n'achètent pas la voiture électrique ? Cela coûte un euro pour 100 kilomètres !" a annoncé l'intéressée, dont l'accent de sincérité est donc à mettre à l'aune d'une conjoncture qui ne lui est pas neutre.

Des propos qui passent mal auprès des personnalités visées, concentrées autour des personnes d'Arnaud Montebourg et Delphine Batho. Cette dernière est elle-même politiquement installée dans les Deux Sèvres. Elle a d'ailleurs fait inscrire la Mia dans le catalogue de l'Ugap, la centrale d'achat de la fonction publique. Elle a aussi lancé un appel à projets, doté de 50 millions d'euros, pour financer à 50 % des projets de bornes électriques de recharge. Une initiative où la même région Poitou-Charentes s'annonce déjà comme en pointe. Et puis, n'a-t-on pas vu son collègue à la marinière arriver au travail avec une Zoé tandis que la prime pour l'achat d'un véhicule électrique a été portée de 5 000 à 7 000 euros ? Des efforts sont donc faits. Mais l'enjeu, dimanche, à la télé, était peut être ailleurs.