Essai - Saab 9-3 : Audi A4 et BMW Série 3 en ligne de mire

"Berline de sport", le constructeur suédois annonce clairement la couleur. La formule anglo-saxonne "9.3 Sport Sedan" sonne certainement mieux, mais qui, chez nous - même dans les Ardennes - sait que Sedan signifie une berline à carrosserie 4 portes ? Eh oui, première révolution, la "petite" familiale Saab abandonne la forme bicorps avec hayon héritée de la 900 au profit d’une configuration classique 4 portes à 3 volumes. Cette solution a déjà été retenue par tous les protagonistes dans le haut de gamme de la catégorie, dit des moyennes supérieures haut de gamme ou familiales Premium (Alfa 156, Audi A4, BMW Série 3, Jaguar X-Type, Lexus IS, Mercedes Classe C et Volvo S 60).

La deuxième révolution provient de la qualité des liaisons au sol qui permet pour la première fois à Saab de se confronter réellement à cette poignée de concurrentes. Le qualificatif de sport n’est donc pas usurpé à propos de cette nouvelle 9.3. Rappelons qu’elle succède après cinq ans à la première du nom, qui était en réalité une version légèrement restylée de la 900 lancée en 1993. Les progrès en tenue de route et en qualité d’amortissement transfigurent le comportement d’une génération à l’autre. Le résultat a été atteint en peaufinant la plate-forme de la récente Opel Vectra qui sert de base à la Suédoise.

Carrosserie : retour à l’orthodoxie

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Contrairement à la tendance actuelle, la nouvelle 9.3 ne s’allonge pas. Il est vrai que la précédente était, à sa sortie il y a neuf ans, la plus longue du segment. Une longueur de 4,63 m, inchangée donc, une hauteur stable (+ 2 cm), mais les porte-à-faux réduits et surtout la largeur en nette progression (+ 5 cm) lui donnent une assise au sol, une prestance, maintenant beaucoup plus proches d’une Série 3 bavaroise. Certains regretteront que la ligne devienne globalement de plus en plus banale, bien éloignée de celle des 99 et 900 d’antan, voire des sémillants prototypes de la marque dévoilés récemment, le 9X vu il y a un an au Salon de Francfort ou bien le 9.3X dévoilé en début d’année à Détroit. Elle est simplement dans l’air du temps, sans personnalité bien affirmée. Le sobre dessin du montant C au-dessus des roues arrière par exemple, rappelle un peu trop celui d’une Seat Toledo.

Mais bon, le tout est bien proportionné, avec une touche d’agressivité sur la version Aero (2.0T 210 ch), d’un gabarit somme toute raisonnable et l’aérodynamique s’affine encore. A l’excellent CX de 0,28, on ajoutera des valeurs de portance proches de 0 qui procurent un bon appui à vitesse élevée sur autoroute.

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La carrosserie 4 portes offre une réelle facilité d’accès à bord. Les cotes d’habitabilité progressent peu en longueur (+ 38 mm) par rapport à sa devancière malgré l’empattement accru de 7 cm. En revanche, les centimètres gagnés en largeur semblent mieux exploités, avec une largeur aux coudes de 1457 mm et une largeur aux épaules améliorée de 81 mm à l’avant. Les cotes se situent généralement dans la bonne moyenne de la catégorie, devant l’A4 ou la Série 3 et presque à l’égal de la cousine Opel. La Vectra (4 portes) propose toutefois un coffre plus généreux (d’un sixième). La 9.3 se contente en fait d’un volume équivalent à celui d’une Série 3 et d’une accessibilité tout aussi moyenne. Elle conserve toutefois de série la banquette rabattable, ce qui n’est généralement pas le cas dans cette catégorie.

Ergonomie et ambiance de bord : comme un avion sans aile

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La présentation de l’habitacle propose un zeste de sportivité, un brin de classe et deux doigts d’ambiance propre à la marque. On note une très bonne position de conduite, des sièges confortables, une ergonomie soignée des commandes, bien dans les habitudes de la marque, toujours prête à rappeler son expérience avionique. La clé de contact, dorénavant électronique, garde sa place sur le prolongement de la console centrale, entre les sièges avant. La planche de bord ne déboussolera pas les fidèles de Saab, avec l’instrumentation - qui conserve la fonction black-panel pour une conduite de nuit plus reposante - orientée vers le conducteur à la manière de BMW. En revanche, parmi les cadrans ronds face au conducteur, priorité a été donnée ici au compteur de vitesse, plus lisible que le compte-tours atrophié. Sans doute parce qu’avec les coupleux moteurs turbo de la Suédoise, il n’est pas besoin de taquiner la zone rouge pour viser les performances. L’écran d’informations (affichage ordinateur de bord et radio, heure…) est lui bien lisible, parfaitement placé dans sa niche, au sommet du tableau de bord près du pare-brise.

Au-delà du choix d’un intérieur clair (beige) ou sombre (gris), le client optera pour l’une des trois "formes" disponibles : Linear (tissu), Arc (cuir, bois de peuplier et jantes 16 pouces) et Vector à tendance sportive (tissu et cuir, finitions chromées mates et jantes 17 pouces) qui remplacent respectivement les niveaux de finitions base, Pack et SE de l’ancien modèle. Ces trois degrés correspondent aux standards du marché.

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La finition Aero réservée à la 2.0 T 210 ch se veut résolument sportive. Dans sa dotation, outre la panoplie complète en matière de sécurité passive, on remarque que la 9.3 met le paquet sur l’électronique embarquée grâce à l’arrivée en force du multiplexage et des fibres optiques, de série ou en option. Elle est par exemple la première automobile sur le marché équipée du protocole Bluetooth autorisant le fonctionnement sans fil - et en réseau - d’appareils mobiles (téléphone, PDA, ordinateur), ce qui n’est pas très étonnant quand on connaît les liens étroits entre Saab et Ericsson (jusqu’au rachat d’une filiale commune l’an passé), ce dernier étant un des pionniers dans l’usage de cette application.

La finition nous a paru très bonne. La qualité des matériaux reste toutefois en retrait de celle offerte par les marques de prestige allemandes, notamment pour certains plastiques utilisés à l’intérieur. Il est vrai qu’à degrés d’équipement et motorisations à peu près équivalents, les tarifs restent inférieurs d’environ 10 0x80488c0ar rapport à ces dernières, malgré l’augmentation des prix sensible d’une génération à l’autre de 9.3 (1 000 à 3 000 €).