En 2011, selon les statistiques du ministère de l’Intérieur, les radars automatisés ont flashé quelque 19 millions de fois (contre 18 millions en 2010), si l’on additionne les déclenchements des 3.505 appareils en fonctionnement l’an dernier, soit une moyenne de 5.472 crépitements par machine, autrement dit moins de 15 par jour (16 en 2010). Après l’emballement des premiers temps, le système s’essouffle ainsi inexorablement d’année en année. A cela, le gouvernement répond par la mise en marche incessante de nouveaux automates : par rapport à 2010, ils étaient ainsi 424 de plus (+14%). Et une augmentation similaire est prévue pour 2012.

 

Autre point noir du système pour le gouvernement, le nombre de photos exploitables. Moins de 50% l’ont été en 2011 pour ce qui est des radars de vitesse. Ainsi, des 17.851.255 flashs, seulement 8.855.000 ont pu être convertis en avis de contravention, envoyés par La Poste directement aux titulaires des certificats d’immatriculation des véhicules pris en infraction. C’est moins bien qu’en 2010 (52%). A l’inverse, les radars feu rouge se sont montrés beaucoup plus efficients, avec 745.000 PV envoyés, soit 56% de conversions réussies, contre à peine 38% en 2010. Toute machine confondue, la productivité reste malgré tout en déclin par rapport à l’année précédente, la moitié des déclenchements seulement ayant donné lieu à une verbalisation, contre 51,4% en 2010.

 

Pourquoi ? Mystère… Tant le système est opaque. Sans doute, y a-t-il eu plus de deux-roues flashés. Par l’avant, ils ne sont pas pris et, par l’arrière, leurs numéros d’immatriculation restent le plus souvent illisibles au matériel de lecture automatique des plaques en service au centre national de Rennes. Peut-être plus d’étrangers aussi. Ou peut-être encore des appareils photos vieillissants ou moins efficaces.

 

Une « efficacité assez limitée » pour les radars feu rouge


Mais même si la rentabilité du système décroit, elle reste positive pour le moment. Le produits des amendes issues du contrôle automatisé « est au total de 630 millions d’euros », en 2011, et là-dessus, il y a « un gros tiers qui va au fonctionnement du dispositif lui-même, y compris à l’achat des radars, à leur maintenance », a ainsi précisé Claude Guéant, le 5 janvier dernier, au cours d’une conférence de presse sur la Sécurité routière. En fait, selon le projet de loi de finances 2011, il s’agirait plutôt d’un petit tiers, puisqu’il y est annoncé à 202 millions d’euros. Dans tous les cas, le contrôle automatisé des infractions routières rapporte ainsi bien plus qu’il ne coûte.

 

« Je préférerais qu’il n’y ait pas de recettes du tout », a également assuré le ministre de l’Intérieur à l’occasion de ce point presse, « cela voudrait dire que tout le monde respecte les vitesses et que notre politique de Sécurité routière a rencontré un total succès ». Un succès bien mitigé, certes. Mais la baisse modérée de la mortalité routière, depuis 2008, et surtout 2009, ne remet aucunement en cause cette politique. Pour ce qui est des radars feu rouge, ils ne permettraient aucunement d'améliorer le bilan des tués sur les routes, et plus encore des accidentés, selon le rapport de la mission d’information relative à la prévention routière, publié en octobre dernier. Ces dispositifs auraient ainsi une « efficacité assez limitée ».

 

Car les « feux rouges représentent un enjeu faible. Les études sont peut-être discutables, mais il en ressort que la baisse des accidents latéraux est compensée par la hausse des chocs à l’arrière. […] Aux yeux d’un accidentologue, l’enjeu des feux rouges est faible car il y a très peu de tués aux feux rouges », a tranché Jean Chapelon, ancien secrétaire général de l'Observatoire national interministériel de sécurité routière (ONISR), devant les députés. Des révélations qui ont alors poussé les parlementaires à proposer au gouvernement de « suspendre le déploiement des radars aux feux rouges dans l’attente d’une évaluation du dispositif », compte tenu des sanctions encourues (un retrait de 4 points sur le permis, une amende de 135€)... Sans grande surprise, ils n'ont guère été entendus.

 

Sur la vitesse, selon les mesures de l’ONISR (observatoire gouvernemental donc), les Français rouleraient en moyenne à 79 km/h, au lieu de 90 km/h en 2000. Or, selon ses calculs, « si tous les automobilistes respectaient les limitations de vitesse, la vitesse moyenne serait inférieure à 77 km/ ». D'ailleurs, la très grosse majorité des excès de vitesse relevés par les radars automatisés ne sont que de quelques kilomètres-heure. Et ce alors que la plupart des cabines les plus flasheuses et donc les plus rentables sont installées sur autoroute, là où le bilan de la Sécurité routière est le meilleur (6% des tués). Même si le nombre de morts y a progressé de 5,8% en 2010, pour la première fois depuis 2005 !

 

Enfin, tel que prévu dans les dispositions du projet de loi de finances 2011, près de 441 millions d’euros issus du produit des amendes de la police (et pas seulement celles du système automatisé) sont quand même reversés au budget général pour le désendettement de l’État. Les caisses étant vides, c’est toujours ça de pris !