Le scientifique et économiste indien Rajendra Pachauri, président du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec) depuis 2002, a reçu le Prix Nobel de la Paix en octobre 2007. Depuis de nombreuses années, la protection de l’environnement est son cheval de bataille. Il explique d'ailleurs : "Ma vocation remonte à mon enfance passée sur les contreforts de l’Himalaya : tout était si beau et à l’abri de toute pollution. On pouvait contempler la beauté de la nature, dans son état le plus parfait. Ce sont des souvenirs qui ne vous quittent plus. Beaucoup de gens ont désormais réalisé que le changement climatique n’est pas pour demain mais qu’il est en train de se produire." Rajendra Pachauri dirige également l'Institut de l'énergie et des ressources indienne (TERI, The Energy and Resource Institute) de New Delhi dédié au développement durable. Ce centre de recherche a d'ailleurs mis au point un microbe mangeur de pétrole, pouvant remplacer les produits chimiques lors de pollution !

Actuellement à Paris, Rajendra Pachauri donne ses recettes écolos à effectuer au quotidien ! Voici dans son discours les ingrédients d'un mode de vie vert afin de préserver la Planète :

"Parallèlement aux efforts faits par la communauté internationale pour lutter contre l'effet de serre à l'occasion de la conférence de l'ONU sur le climat en décembre 2007 à Bali qui m'ont encouragé, je cours le monde pour provoquer un sursaut et changer les mentalités des citoyens. Il s'agit vraiment de changer d'état d'esprit, de développer un comportement par lequel on évalue les options en présence et les actions à mener pour minimiser son empreinte écologique.

Le "Vélib" est un merveilleux progrès. En marchant ou roulant à vélo, on peut faire une énorme différence. A l'inverse, je ne vois pas d'un bon oeil la course effrénée aux quatre roues qui s'empare des pays émergents dont le mien, l'Inde, où le constructeur Tata vient de lancer sa "Nano" à 2 500 dollars dont il espère écouler un million d'exemplaires par an. Ce n'est certainement pas la solution dans un pays comme l'Inde, avec tellement de pauvres. Il vaudrait mieux développer les transports publics. Je ne vais pas être très populaire en disant ça ! Autrefois, dans mon Institut, les jeunes rêvaient d'un deux roues, maintenant ils veulent une voiture et malheureusement ils en ont les moyens. J'ai moi-même une voiture : la Toyota Corolla.

A l'heure des soldes dans les grandes capitales occidentales, je dénonce d'une manière générale la dérive consumériste. Je hais le shopping, acheter des choses juste parce qu'elles sont disponibles. Et s'il vous plaît, mangez moins de viande ! Ce n'est pas très bon pour la santé et c'est un produit fortement émetteur de gaz à effet de serre. Selon une étude japonaise parue en juillet, produire un kilo de boeuf équivaut à trois heures de conduite en laissant les lumières allumées chez soi, soit 36,2 kilos de CO2...

Par mon mode de vie, j'aurais une empreinte écologique assez légère si elle n'était plombée par mes très nombreux déplacements en avion, "énergivores" et fortement émetteurs en dioxyde de carbone. Mais je n'ai pas le choix : c'est mon travail et ma responsabilité de propager le message du Giec dans le monde. Le 4e rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, publié en 2007, précise l'ampleur et la gravité du réchauffement. En temps de guerre, les gens sont capables de changer rapidement de mentalité : je dois projeter le message sur la réalité du changement climatique de façon à provoquer un sursaut, à les secouer. A 67 ans, je n'ai pas encore décidé si je serai candidat en septembre à ma propre succession à la tête du Giec : continuer de voyager à ce rythme alourdirait encore mon 'empreinte carbone'." En somme, d'après Rajendra Pachauri, il faut moins se déplacer en voiture, moins manger de viande et moins faire de shopping pour devenir écolo !

(Source : AFP Photo : BBC)