L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) est implantée à Copenhague. Elle a pour objectif de favoriser l'amélioration significative et mesurable de l'environnement européen en fournissant des informations pertinentes aux décideurs politiques et au public. La première évaluation exhaustive de l’état de l’environnement paneuropéen a été présentée à Sofia en 1995. Des évaluations mises à jour ont ensuite été présentées dans le cadre des conférences ministérielles tenues à Aarhus en 1998 et à Kiev en 2003. D'après un nouveau rapport de l’AEE intitulé "L’environnement en Europe — quatrième évaluation" publié hier, la politique environnementale dans la région paneuropéenne est entravée par des lacunes en matière d’information et de mise en œuvre. Les ministres doivent unir leurs efforts en vue de promouvoir un environnement sain dans la région paneuropéenne

Dernière évaluation en date d’une série consacrée à l’environnement paneuropéen publiée par l’AEE depuis 15 ans, ce rapport dresse le bilan des progrès réalisés en matière d'environnement dans 53 pays dont la population totale dépasse 870 millions de personnes. La région comprend l’Europe de l’Est, le Caucase et l’Asie centrale, l’Europe du Sud-Est, ainsi que l’Europe occidentale et centrale. Les auteurs du rapport préconisent une meilleure mise en œuvre des politiques existantes et la définition d’objectifs clairs et réalistes. Cependant, la mise en œuvre à très brève échéance d'un système partagé d’information environnementale est plus qu’indispensable afin de remédier au manque actuel d’informations environnementales fiables, accessibles et comparables pour toute la région.

Selon le rapport, l'essentiel de la pression environnementale dans la région résulte d'activités économiques telles que l’agriculture, le tourisme, les transports et l’énergie. Les habitudes de consommation et les modèles de production actuels exercent également une pression constante sur les ressources naturelles, et la qualité de notre environnement s'en trouve compromise. Les conséquences de cette situation sont multiples: la qualité de l’eau, de l’air et du sol varie fortement au sein de la région paneuropéenne. Plus de 100 millions de personnes n’ont accès ni à de l’eau potable, ni à des installations sanitaires de qualité. Le rapport informe que dans de nombreux pays de l’Europe de l’Est, du Caucase, d’Asie centrale et d’Europe du Sud-Est, la qualité de l’approvisionnement en eau et des installations sanitaires s’est détériorée ces 15 dernières années, les populations rurales étant les plus affectées.

Malgré quelques réussites en matière de pollution atmosphérique, on estime que les niveaux actuels — surtout d’oxyde d’azote, de particules fines et d’ozone au sol — réduisent l’espérance de vie moyenne dans les pays d’Europe occidentale et centrale de près d’un an et compromettent la croissance des enfants. La situation serait aussi préoccupante en Europe de l’Est, dans le Caucase et en Asie centrale, où la plupart des émissions polluantes ont augmenté de 10 % depuis 2000 en raison de la reprise économique, d'une augmentation du volume des transports et du manque d’efficacité persistant des politiques de lutte contre la pollution atmosphérique.

Le rapport, qui présente une évaluation complète de l’environnement maritime dans la région paneuropéenne, attire l'attention sur plusieurs aspects préoccupants tels que la surpêche, l’eutrophisation et des pressions grandissantes sur les zones côtières. Le nombre de marées noires accidentelles de grande ampleur a diminué dans les mers européennes. Toutefois, les rejets d’hydrocarbures dans le cadre des activités de routine demeurent importants. En ce qui concerne la biodiversité, l’objectif consistant à mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité avant 2010 ne pourra être atteint sans déployer de considérables efforts supplémentaires. Plus de 700 espèces européennes sont menacées d’extinction, y compris certaines espèces emblématiques comme le lynx ibérique, à cause de la destruction, de la dégradation et de la perturbation de leurs habitats. Les conséquences du changement climatique sur la société et les ressources naturelles sont déjà visibles à l’échelle mondiale. Selon les estimations, elles devraient être de plus en plus marquées — même si les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial sont réduites de manière significative. Le rapport souligne qu’il est urgent de s’adapter aux risques potentiels liés aux conséquences du changement climatique.

Jacqueline McGlade, directrice exécutive de l’AEE, explique : "Les ministres ont qualifié la conférence de Belgrade de conférence de l'accomplissement. Notre rapport témoigne que des progrès ont été accomplis. Nous avons réduit certaines formes de pollution atmosphérique et amélioré le traitement des eaux usées. Néanmoins, en cette période de changement, des problèmes majeurs subsistent, comme le climat, la biodiversité et les menaces pour la santé liées à l’environnement. Pour apporter une réponse adéquate à ces problématiques environnementales complexes, nous avons besoin d’une coopération continue au sein de la région paneuropéenne ainsi que d’un soutien financier et technique ciblé. Nous devons renforcer la volonté d’agir sur les problématiques environnementales dans la région paneuropéenne. Pour ce faire, il importe que nous comprenions mieux les problèmes qui se posent, leur nature et leur répartition parmi les différentes sociétés et générations. Les analyses, les évaluations, la communication et l’éducation contribueront à combler ce déficit d’information et constitueront un soutien substantiel pour les personnes appelées à agir dans ce domaine."

"L’environnement en Europe — quatrième évaluation"

Résultat d’une coopération sans précédent en matière de partage d’information, le rapport "L’environnement en Europe — quatrième évaluation" vise à fournir des informations mises à jour et fiables sur les interactions entre l’environnement et la société et à souligner les progrès vers la réalisation des objectifs environnementaux arrêtés à l'échelle paneuropéenne.

De Kiev à Belgrade

Le processus "Un environnement pour l’Europe" rassemble actuellement 56 pays sur trois continents en vue d'apporter une réponse conjointe aux défis environnementaux. Ce processus constitue un partenariat unique entre les pays membres de la région relevant de la CEE-ONU. Il englobe également des organisations du système des Nations unies représentées dans la région, d’autres organisations intergouvernementales, des centres environnementaux régionaux, des organisations non-gouvernementales et d’autres organes importants. Afin de soutenir ce processus, l’AEE a préparé une série d’évaluations de l’environnement pour la région paneuropéenne dans le but de fournir des informations utiles pour la définition des politiques, actualisées et fiables sur les interactions entre l’environnement et la société.

Le rapport "L’environnement en Europe — quatrième évaluation" porte sur 53 pays : Albanie, Allemagne, Andorre, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Bélarus, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, République tchèque, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Géorgie, Grèce, Hongrie, Islande, Irlande, Italie, Kazakhstan, Kirghizistan, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Ex-République yougoslave de Macédoine, Malte, République de Moldova, Monaco, République du Monténégro, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Roumanie, Fédération de Russie, Saint-Marin, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Tadjikistan, Turkménistan, Turquie, Ukraine, Royaume-Uni et Ouzbékistan.

Retrouvez le rapport complet sur le site suivant : www.eea.europa.eu/pan-european/fourth-assessment.

(Source : AEE)