D'après le rapport 2006 de l'Institut français de l'environnement (Ifen), le mode de vie et la consommation des ménages influent sur les émissions de gaz à effet de serre. Une adaptation ou une modification des comportements de chacun peut contribuer à la diminution des émissions, sur la voie d'une division par 4 des gaz à effet de serre émis en France d'ici 2050. Toujours d'après le rapport, le logement et le véhicule particulier offrent les plus gros potentiels de réduction dans leur utilisation quotidienne et surtout au moment d'investir en profitant des incitations fiscales. Un ménage peut aussi orienter ses choix de consommation vers des produits ayant nécessité moins d'énergie pour leur fabrication et leur distribution ou moins énergivores dans leur utilisation.

La France s'est engagée à stabiliser les émissions nationales de gaz à effet de serre (GES) en 2010 dans le cadre du plan Climat 2004 et a inscrit dans la loi de programmation énergétique leur réduction par 4 en 2050 par rapport à 1990. Les véhicules particuliers pèsent 14% dans le total des émissions nationales de GES en 2004, en hausse de 17% depuis 1990. La distance annuelle parcourue par l'ensemble du parc automobile a augmenté de plus de 30%. Pour les usages courants, la réduction des parcours quotidiens, le recours à des transports collectifs ou au vélo lorsque c'est possible et l'adoption d'une conduite économe en carburant permettent des gains significatifs sur les émissions globales, tout comme le choix d'acheter un véhicule dégageant moins de CO2 à kilométrage parcouru constant.

Zoom sur l'automobile

Usage accru de la voiture et progrès technologiques

Alors que les émissions nationales totales ont diminué de 0,8 %, celles induites par les véhicules particuliers ont augmenté de 17 % entre 1990 et 2004. Ils sont aujourd'hui responsables de 14 % des émissions. Chaque véhicule roulant émet en moyenne 208 grammes équivalent (geq) CO2/km en 2004. Les diminutions réalisées dans d'autres secteurs sont ainsi annihilées par un usage de plus en plus important de la voiture : la distance annuelle parcourue par l'ensemble du parc automobile a augmenté de 30 % sur la période. Le budget "transport" des ménages a quintuplé depuis 1960. Il représente, en 2005, 15 % du budget des ménages (5 140 1), précédant celui de l'alimentation (4 980 1). En 1960, il lui était deux fois et demi inférieur.

La consommation moyenne en carburant des véhicules neufs vendus baisse de 0,1 l/an depuis 1995 avec les progrès technologiques. Les émissions de CO2 des véhicules neufs sont de 152 geq CO2/km en 2005. En même temps, le parc automobile des ménages a augmenté de 27 à 30 millions de véhicules avec un âge moyen passant de 5,8 à 7,6 ans (source : CCFA). 29,7 millions de voitures particulières et 5,5 millions de véhicules utilitaires légers, dont environ la moitié assure un usage de véhicule particulier, circulent en 2004 pour 47,5 millions de personnes en âge de conduire. L'éloignement entre l'habitat et les lieux d'activités et de services et l'augmentation des ménages multiéquipés en automobiles en sont les principales causes.

Vers un usage plus mesuré d'un véhicule plus propre

Les véhicules diesel (43 % du parc en 2004) ont des émissions unitaires inférieures de 8 % à celles des voitures à essence et parcourent une distance moyenne 70 % supérieure. La distance annuelle moyenne parcourue par véhicule s'est allongée de 5,3 % depuis 1980 et se stabilise légèrement depuis 2001. Elle est de 12 843 km/an en 2004. Selon l'Ademe, 167 modèles émettant moins de 120 geq CO2/km homologués en France en 2005 ont concerné à peine 15 % des ventes. En revanche, la masse moyenne des véhicules neufs vendus est passée de 900 kg en 1984 à 1 250 kg aujourd'hui et leur puissance moyenne a progressé de 38 % en 20 ans, ce qui engendre d'autant plus d'émissions de GES au cours de leur fabrication et de leur utilisation.

La climatisation accroît aussi la consommation énergétique. Elle concerne 38 % du parc automobile (2004) et équipe 70 % des véhicules neufs vendus (2003). De plus, en 2004, l'essentiel des émissions de HFC dues aux transports est imputable aux automobiles. L'achat d'un véhicule à faibles émissions de CO2, qu'il soit neuf ou d'occasion, influence de façon notable les émissions et le budget « transport » des ménages dont 85 % sont consacrés à l'acquisition et l'utilisation du véhicule. Pour les usages courants, la réduction des parcours quotidiens, le recours, quand cela est possible, à des modes alternatifs (vélo, transports collectifs...) et l'adoption d'une conduite économe en carburant promettent des gains significatifs sur les émissions globales.

L'Ifen observe que les industries ont dans leur majorité entamé leurs réformes environnementales mais les Français sont à la traîne. Si les Français se sentent impliqués pour le tri des déchets, acte simple à réaliser, ils sont moins volontaires dès qu'il s'agit de modifier substantiellement leurs habitudes. 22% d'entre eux placent l'environnement en tête de leurs préoccupations mais leurs pratiques restent en décalage avec leur sensibilité environnementale. L'Institut cite en exemple leur réticence à changer de moyen de transport alors que la périurbanisation accroît la dépendance à la voiture.

La France est le premier producteur européen d'énergie renouvelable. Elle ne se classe pourtant que dixième en ce qui concerne la consommation, avec 5.61% de sa facture énergétique globale, soit la moyenne européenne. L'énergie éolienne bondit, avec une augmentation de 61% de la production de 2004 à 2005 et doublement des capacités de productions. Et 400 000 tonnes de biocarburants ont été produites en 2004, surtout à base de colza. Les "cultures énergétiques" représentent 300 000 hectares, une surface qui devrait être multipliée par sept d'ici 2010. Mais l'Ifen ajoute un bémol : l'impact sur l'environnement lié à la conduite de ces cultures est à surveiller. En clair, le coût écologique de la production de certains carburants dits verts dépasse parfois leurs bienfaits.

Tous les quatre ans, l'Institut Français de l'Environnement publie son tableau de l'environnement naturel de l'Hexagone. En 2006, l'Ifen se félicite de la prise de conscience des enjeux écologiques et de leur irruption dans le débat public mais estime que le plus dur reste à faire : les chantiers les plus évidents ont été mis en œuvre, et l'action pour l'environnement devient plus complexe et plus transversale. Rendez-vous donc en 2010 !