Pour faire simple, d'un côté la rigueur budgétaire, une monnaie forte et une marche forcée vers un horizon sur le tempo de la déflation qui étend son ombre. De l'autre, un pays qui essaie justement de sortir de cette déflation en pariant sur une dépréciation de sa monnaie pour relancer la machine à l'intérieur de l'archipel. Un risque calculé sur le long terme, ce que semble oublier les experts européens aux premiers desquels les Allemands qui tirent déjà des conclusions décourageantes après deux ans de pratique. Mais Carlos Ghosn, lui, y croit.


A tel point qu'il a annoncé devant la presse convoquée à Yokohama, siège de l'entreprise dont Renault est le premier actionnaire : «nous allons accroître la production au Japon, une étape logique puisque le yen n'est plus un handicap. Nous n'aurions jamais imaginé un dollar à 120 yens il y a un an, nous sommes soudain devant un changement complet de scénario!» Le travail va donc être donné et les salaires devraient suivre. Une logique qui n'est pas celle de l'Europe. Mais Carlos Ghosn a un message pour elle : « le monde des affaires ne peut pas ne pas soutenir cette stratégie: elle a le mérite de la clarté et de la cohérence, elle redonne un nouvel élan à l'économie». Ce mélange de politique monétaire et budgétaire très agressives et de réformes libérales assumées par le Japon est ainsi porté aux nues. L'Europe, elle l'a déjà voué aux gémonies. Le match est lancé.