Un mécontentement qui fait vaciller cette alliance que tous les acteurs jurent pourtant de vouloir préserver. Mais pour Nissan, les équilibres ont été brisés par un Etat qui s’est assuré chez Renault des droits de vote double prévus par la loi Florange. En réponse, Nissan a décidé de réfléchir sur un relèvement de sa participation dans l’ancienne Régie nationale à 25%, ce qui reviendrait à annuler les droits de vote de Renault chez lui. Une démarche qui mettrait fin au contrôle français sur l'alliance.

Une réelle menace que les troupes d’Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie, ont prise au sérieux, confortant le rôle incontournable de Carlos Ghosn dans l’histoire. C’est dans cette ambiance que les réunions de négociations entre les deux principaux actionnaires du constructeur automobile français, l'Etat et Nissan, se sont enchaînées toute la semaine, avec pour objectif de parvenir à un accord avant le conseil d'administration de Renault du 11 décembre, présenté comme une échéance importante par le PDG Carlos Ghosn. Ce conseil succède à celui de Nissan du 30 novembre qui avait fait de nouvelles propositions pour demander des engagements écrits sur une limitation de l'influence française.

Selon les acteurs, les discussions avancent et devraient déboucher sur un compromis. La France aurait ainsi accepté de soutenir l'adoption d'engagements contraignants voulant que ni l'Etat pas plus que Renault n'interviendront dans le management ou la gouvernance de Nissan. Une tendance qui va dans le sens des propos du ministre de l'Economie Emmanuel Macron qui avait déjà déclaré que la priorité de l'Etat était de conserver une minorité de blocage en assemblée générale pour peser sur les sujets stratégiques, mais "en aucun cas de s'immiscer dans le quotidien opérationnel de Renault ni dans celui de Nissan".

Pour autant, il reste du chemin à faire vers un accord. Le gouvernement refuse ainsi les demandes supplémentaires du groupe japonais, notamment la fin du droit qu'a Renault de nommer les trois principaux dirigeants de Nissan. Emmanuel Macron a aussi rejeté jusqu'ici le projet d'un mécanisme de sauvegarde qui permettrait au groupe japonais de relever sa participation dans Renault si les termes du nouvel accord ne sont pas respectés.

Côté marché, on observe la situation avec l’espoir de voir une simplification de l'alliance Renault-Nissan ce qui induit des changements substantiels dans sa structure. La fusion totale entre les deux groupes serait pour lui l’idée ultime. A ce stade, la perspective relève toujours du fantasme. En jeu, le déblocage d’une partie de la valeur de l'importante participation de Renault dans Nissan, évaluée autour de 18,3 milliards d'euros environ. La partie qui se joue ne concerne pas seulement l’ambiance au sein d’un conseil d’administration.