Le paddock de GP2, c'est un melting pot de pleins de nationalités. Italiens , japonais, russe, vénézuéliens, chinois, indien, brésiliens, anglais, hollandais, danois, turc, espagnols, sud-africain, allemand, autrichien et 1 français: Nicolas Lapierre.

Le garçon entame sa troisième année en GP2, 7 ans seulement après avoir démarré une carrière en monoplace. 3eme année mais on se rappellera qu'en 2006, il s'envolait sur une autre monoplace et se blessait au dos. Il ratait alors 2 courses et revenait diminué sans parvenir à retrouver le niveau qui était le sien avant cet accident.

Rencontre: Nicolas Lapierre, pilote français en GP2 (Dams)

"On m'a fait revenir trop tôt. Dans une GP2, si on n'est pas à 100% physiquement, on le paye sur le chrono. Dans cette catégorie, être légèrement en dedans vous pénalise forcément..."

Jusque là, il était sur une phase ascendante plutôt sympathique. Vainqueur brillant de l'A1 GP avec Alexandre Premat en 2006, sa deuxième année de GP2 chez Arden s'annonçait bien puisqu'il entrait dans le Top 4 sur les 3 premières courses de l'année. Au final, il terminera 8eme.

Rencontre: Nicolas Lapierre, pilote français en GP2 (Dams)

Jean-Paul Driot (DAMS) qui préparait l'auto 'France' du A1GP a plutôt apprécié l'investissement, la ténacité et la rapidité du gars et lui donne cette dernière chance de bien figurer en GP2. Preuve que son talent est reconnu, Hugues de Chaunac a fait également appel à lui pour le placer dans une de ses Saleen avec Stephane Ortelli et Soheil Ayari aux 24h du Mans. Première expérience mancelle très apprécié par Nicolas Lapierre.

"L'A1GP c'était vraiment bien. Tout du moins l'idée même si la gestion était un peu moins top. J'ai beaucoup joué au foot et le concept de course de nation me parait très intéressant. Cette notion d'équipe, ça me plait beaucoup. Comme au Mans d'ailleurs. Dans cette course, ce ne sont que compromis. Il faut que les pilotes puissent utiliser la même auto, les mêmes réglages, c'est très très intéressant. C'était une première expérience et le plus dur c'est d'arriver à obtenir cette première expérience. Sur la carte de visite, c'est un plus."

A ce propos, Nicolas Lapierre a reçu le trophée Jean Rondeau du débutant le plus méritant. Mais pourquoi étaient ils si loin des Corvette et des Aston Martin ?

" Après les essais, on a changé le fond plat et avec la pluie qui est tombée le jeudi, impossible de régler l'auto. C'est une pièce très complexe et au départ de la course on est parti avec une très mauvaise balance. On a affiné petit à petit mais alors qu'aux essais on parvenait à tourner en 3.51 sans trop forcer, en course ce fut impossible. Et puis on a eu un problème de volant moteur qui nous a arrêté 1 heure. Il nous manque un peu de moteur aussi mais on avait vraiment un équilibre pas idéal en début de course"

Rencontre: Nicolas Lapierre, pilote français en GP2 (Dams)

Et après le Mans Dimanche, vous avez dormi 24 h d'affilée pour être fin prêt ce mardi ?

"Nooon. Bon, j'ai été obligé de partir assez vite du circuit Dimanche pour aller me reposer et du coup je n'ai pas pu rester avec le team pour fêter la fin des 24h. Ca c'est vraiment dommage parce qu'après 24h d'une course qui débute une semaine avant, on est tous super-heureux d'au moins finir et on décompresse après l'arrivée. Surtout cette année qui fut difficile selon les habitués."

Le passage Saleen/GP2 se passe comment? Il faut un temps d'adaptation ?

"Non, même pas. La Saleen c'est comme une voiture de tous les jours. Enfin presque...Il n'y a aucun risque de brouiller ses repères en passant d'une voiture à l'autre. Franchement, c'était nettement moins évident en passant de l'A1GP à la GP2."

Le GP2, c'est votre troisième saison....

"2eme et demi disons. Avec ma blessure de l'an dernier, ça n'était pas vraiment une saison. Cette année, il faut gagner, si je veux arriver en F1. Ca a bien démarré mais on a marqué le pas les 2 dernières courses. Il n'y a plus trop de choix maintenant. Faut être devant."

Et Renault, vous pensez qu'ils vont enfin prendre un français?

"Ca a l'air compliqué. Bourdais s'est brouillé pour on ne sait trop quelle raison, on n'a pas donné sa chance à Montagny...Renault cherche avant tout à gagner. Peu importe la nationalité du pilote, je pense. Ils essaient de prendre les meilleurs sur le marché... Et puis, en F1, il faut offrir un package complet. Pilote et communicant. C'est difficile et on ne maîtrise pas tous les paramètres."

Il y a Magny-Cours à la fin du mois...

"Oui. C'est à la maison. (pensif) Il faut y faire quelque chose."

Rencontre: Nicolas Lapierre, pilote français en GP2 (Dams)

Il y aura quoi derrière le GP2 si ce n'est pas la F1 ?

"Avec mon manager Didier Coton (celui d'Olivier Panis et de Mika Hakkinen), on prend des contacts. Il y a le DTM. J'en ai parlé avec Alex (Premat) au Mans, ça a l'air sympa. Il ya aussi l'Endurance maintenant que j'ai fait le Mans et aussi le Champcar. L'idéal serait de toutes façons d'intégrer les rangs d'un constructeur."

Le WTCC, non?

"C'est différent de la monoplace ou du GT. Y'a de la castagne, c'est une façon de piloter différente qu'il faut apprendre, je pense."

On se rappelle après Magny Cours, pour parler de la course de GP2 ?

" OK. Pas de problème"

Rencontre: Nicolas Lapierre, pilote français en GP2 (Dams)

Le principal enseignement à tirer de cette rencontre, c'est que Nicolas Lapierre est d'une décontraction assez ahurissante. Autant dans le paddock, il paraît assez fermé, autant ensuite c'est un gars de 23 ans tout ce qu'il y a de lucide et qui vous met à l'aise en 2 secondes. Même si on dénote dans sa voie, cette pointe de fatalisme classique chez les pilotes qui ont connu quelques "cassures" dans leur ascension, son coup de volant et sa sensibilité restent parmi les meilleurs puisqu'il est parvenu à trouver les réglages lui permettant de signer un excellent 4eme temps au Paul Ricard.

Sera-ce suffisant pour parvenir à se faire une place en F1, sûrement pas.

Nous n'avons qu'un seul français à ce niveau, il faut donc le pousser.