L'avis d'Alexandre Bataille : j'aime la Fractal


Salon de Francfort 2015 - Le bilan de la rédaction

Francfort est peut-être le plus grand salon automobile au monde mais il n’est pas le plus sympa. Loin de là. C’est un salon froid, presque impersonnel où l’on ne prend pas vraiment le temps de découvrir chaque modèle, de parler avec les personnes de la marque car l’horloge tourne. Cette course contre la montre se transforme en course de fond tant les distances à parcourir sont énormes. Si vous ne faites pas partie des privilégiés comme les journalistes (je sais…)  à qui l’ont met à disposition des navettes  (BMW Serie 7, Glf GTE, Skoda Superb, etc.) vous serez amenés à parcourir près d’une quinzaine de kilomètres à pied. Un conseil, chaussez-vous en conséquence et prévoyez un petit stick de déo. Pour en revenir à l’automobile, puisque c’est le sujet, cette année aura été un bon cru en matière de nouveautés (210 premières mondiales). Notamment du côté des Français qui présentaient la Mégane, la Talisman SW, la DS4, et des concepts excitants comme le Citroën Cactus M ou encore le spectaculaire Peugeot Fractal (un patronyme évocateur qui chantonne dans mes oreilles, la rencontre de deux mondes).




L'avis de Manuel Cailliot : un futur multi-énergies ?

Cette année, le bilan du salon de Francfort est pour moi bien plus positif qu'il y a deux ans. Tout simplement… parce que j'avais aux pieds de meilleures chaussures ! Vous aurez compris, c'est un clin d'œil et un "hommage" appuyé aux concepteurs du lieu, plus grand que grandiose vu d'en haut, plus grandiose qu'efficace vu de l'intérieur.

Salon de Francfort 2015 - Le bilan de la rédaction

En 2015, le salon allemand aura, évidemment oserai-je dire, été marqué par le scandale Volkswagen. Ils ont été pris la main dans le sac, ils ont avoué avec d'ailleurs une facilité qui m'a déconcerté. "Oui, nous trichons…" Mais pourquoi ? Parce que nous sommes moins doués que les autres pour dépolluer nos voitures et qu'on a besoin de filouter ? Hum, hum… J'ai comme un doute sur le fait que le groupe Volkswagen n'ait pas les moyens de faire aussi bien que les autres… Un gros doute. Alors, on triche parce que les normes sont inatteignables ? C'est probable. En conditions réelles, aucun véhicule n'émet la stricte quantité de polluants qu'il est censé rejeter. Voilà. On en saura plus dans les semaines et mois à venir. Wait and see.

Salon de Francfort 2015 - Le bilan de la rédaction

Cependant, Francfort est aussi une vitrine qui nous présente des véhicules qui n'auront pas à se soucier des normes environnementales avant un bon moment. La nouvelle Prius et son physique atypique consomme encore moins et donc rejette encore moins de CO2. De plus en plus de modèles hybrides rechargeables (dans le groupe VW d'ailleurs aussi) sont présents sur les stands. Des concepts électriques comme le Peugeot Fractal ou l'Audi e-tron Quattro Concept annoncent des autonomies records. Sans pollution locale (oui, locale seulement…). Quel est l'avenir de l'automobile ? Bien malin est celui qui peut le dire aujourd'hui. Je me hasarderai, au vu de ce qui est présenté à Francfort cette année, à dire que l'avenir est à la diversification des modes de propulsion et d'énergie, et à leur meilleure adaptation aux usages particuliers. CQFD.


L'avis de Pierre Desjardins : « l'affaire Volkswagen »


Nous ne le savions alors encore pas, mais pendant que nous arpentions à grand-peine les allées, un rapport qui allait faire grand bruit finissait au même moment d'être rédigé outre-Atlantique, faisant a posteriori de ce 66e Salon de Francfort un probable tournant historique dans le monde de l'automobile. Lieu traditionnel de la démonstration de puissance des constructeurs allemande avec des halls entiers consacrés à une seule marque, il se pourrait en effet que l'édition 2017 soit un peu moins flamboyante après la révélation de ce qu'on appelle désormais « l'affaire Volkswagen » qui a éclaté à peine cinq jours après l'habituelle mais toujours spectaculaire soirée du groupe ayant lieu la veille de l'ouverture des grands salons.

Nous n'en sommes visiblement qu'au début de ce grand déballage et ne savons pas encore combien de marques seront emportées dans la tourmente, mais tout porte à croire que plus rien ne sera comme avant. La communication et le marketing sont déjà condamnés à changer, le glissement de l'intérêt pour le diesel vers l'essence, les hybrides et les électriques va s'accélérer. Les différences se feront déjà probablement sentir à Genève en mars 2016 puis au Mondial de Paris à l'automne suivant, mais à quoi ressemblera Francfort dans deux ans ? La rédaction de Caradisiac sera là pour vous le dire, mais cela s'annonce déjà passionnant même si un peu effrayant.



L'avis d'Audric Doche : DS, la grosse déception


Avec des constructeurs généralistes qui rivalisent de modernité sur des modèles à grande diffusion, chez DS, qui est maintenant séparé de Citroën, c'est le calme plat. Pour une marque qui se veut d'ores et déjà premium, c'est une grosse déception. La DS 4, le cul entre deux chaises, passe par un restylage certes visible mais bien maigre pour un constructeur avec de telles ambitions... et un tel nom. Et ne parlons pas de la variante Crossback qui surfe sur le succès des crossovers mais qui, finalement, n'est qu'une DS 4 phase 1 avec des protections de carrosserie et une nouvelle face avant, entre autres.

Salon de Francfort 2015 - Le bilan de la rédaction

Renault a usurpé Gordini sur ses dernières productions, et PSA use et abuse de DS pour pas grand-chose. C'est dommage, DS pourrait être la vraie et unique vitrine française, avec des productions originales et technologiques, comme le fut La DS, mais pour l'heure, il faut se contenter d'une C4 en costume-cravate, entre autres. Espérons que les prochaines productions sauront susciter l'émotion. En tout cas, ce n'est pas avec un série spéciale « Ines de la Fressange » sur la petite DS 3 que le luxe à la Française badgé DS pourra avoir un quelconque impact en termes d'image et à l'international. Un message pour DS : il nous faut du concret ! Vous avez choisi un nom au passé important, alors ne le gâchez pas, sinon, ce sera la fin, comme pour Lancia.


L'avis de Pierre-Olivier Marie : l'art du contrepied


A Francfort, les constructeurs ont souvent évolué hors de leurs terrains d’expression habituels. Bentley et Jaguar exposent un SUV, Porsche une sportive 100% électrique, Ford une GT, BMW un monospace hybride rechargeable, Citroën un projet de 4x4, Hyundai un concept de supercar futuriste, Skoda une Superb Combi qui pourrait inquiéter sa cousine l’Audi A6, tandis que Honda revient à ses racines avec une sportive minimaliste mêlant les influences de l’auto et de la moto. Bref, une volonté de faire bouger les lignes qui a contribué à faire de Francfort un salon rafraîchissant.

Manquaient toutefois à l’appel le concept BMW 3.0 CSL Hommage R (pour le plaisir des yeux), le SUV Maserati Levante (tiens, encore un 4x4 pour constructeur qui sort de son périmètre habituel!) ou le pick-up Renault Alaskan (là encore, un modèle inédit). Autant d’absences regrettables, à laquelle s’ajoute, pour Renault, celle de toute innovation du côté électrique. Or, l’on se souvient que c’est à ce même salon de Francfort, en 2009, que Carlos Ghosn avait annoncé au monde entier que le losange avait décidé de prendre le leadership sur la question des voitures écolos, que l’on allait voir ce qu’on allait voir, etc. Oui M. Ghosn, on a vu... Six ans plus tard, la marque continue de cultiver ses fondamentaux avec une Mégane censée lui permettre de chiper à Ford la deuxième place des ventes en Europe, en même temps qu’elle tente à nouveau sa chance dans le haut de gamme avec la prometteuse Talisman. Les bons vieux tubes, il n’y a finalement que ça de vrai !


Salon de Francfort 2015 - Le bilan de la rédaction
Salon de Francfort 2015 - Le bilan de la rédaction
Salon de Francfort 2015 - Le bilan de la rédaction

Un concept de supercar chez Hyundai, un monospace hybride chez BMW, un 4x4 chez Jaguar... : à Francfort, les constructeurs explorent des territoires jusqu'ici inédits pour eux.





L'avis d'Olivier Pagès: Renault, seule éclaircie française en Allemagne


Cette édition 2015 était la 8e à la laquelle je participais. Et à chaque fois,  c’est toujours pareil, je me dis, mon Dieu, c’est immense.  

Salon de Francfort 2015 - Le bilan de la rédaction

Au-delà du gigantisme des lieux et de sa froideur, ce salon est aussi impressionnant par le nombre de nouveautés dévoilées. Bien évidemment, ce sont les constructeurs allemands qui veulent marquer les esprits. Si on devait retenir que quelques-unes des nouveautés exposées, on pourrait citer les BMW X1 et Série 7, Volkswagen Tiguan, Opel Astra, Audi A4, Mercedes GLC et j’en passe. Mais dans ce flot de nouveaux modèles issus de constructeurs locaux, on peut s’interroger sur la forme des constructeurs français. Et pas de doute, c’est bel et bien Renault qui tire le mieux son épingle du jeu. En effet, le constructeur au losange confirme ainsi sa bonne santé actuelle. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder le nombre de nouveautés majeures sur le stand en forme de montagne pour découvrir les Talisman, Talisman Estate et Mégane. Autant dire que les autres marques tricolores ont bien du mal à rivaliser. Peugeot n’exposait que le concept Fractal et la version définitive de la 308 GTi, Citroën mettait l'accent sur son futur avec deux concepts (Aircross et Cactus M), tandis que DS dévoilait ses DS4 restylée et déclinaison Crossback.

Renault a donc confirmé lors de ce salon son allant avec la suite de son ambitieux plan produit. Et cette offensive est loin être finie puisque c’est à Genève que l’on découvrira la nouvelle génération de Scénic. Une nouvelle preuve de la période propice que traverse actuelle Renault.