Les particularismes locaux amènent parfois à se poser des questions d'ordre général. Prenez le cas de cette usine de Volkswagen à Chattanooga, dans le sud des Etats-Unis. Il était demandé à ses ouvriers de voter pour ou contre la création d'un syndicat. Le constructeur était plutôt pour. Résultat ? Un fort taux de participation et un non comme résultat.


Certes, on pourra toujours dire que dans le Tennessee, on représente une Amérique profonde. Ce que l'on appellerait vulgairement les « culs terreux » de chez nous. Mais si l'on se débarrassait de la gangue de nos préjugés pour se pencher un peu plus objectivement sur cette affaire. L'enjeu était la création d'une antenne de l’organisation United Auto Workers (UAW). Un objectif primordial pour cette organisation qui a vu le nombre de ses membres plonger de 1,5 million en 1979 à 383.000 aujourd’hui. Elle a aussi la mauvaise réputation de ne pas être pour rien dans la faillite générale de Detroit.


De fait, une victoire dans une usine Volkswagen, qui n'était pas contre le principe, aurait redoré le blason du trigramme. Et d'abord parce que l’UAW n’a jusqu’à présent jamais réussi à rassembler en syndicat les employés d’une usine d’un constructeur automobile étranger aux Etats-Unis. Ensuite, une concrétisation aurait peut être donné un coup de frein à la dégringolade du taux de syndicalisation chez l'Oncle Sam. Ce dernier a en effet chuté à son plus bas niveau depuis les années 1930, atteignant tout juste les 11,3%.


Les 1 338 employés de l'usine ont donc été appelés à voter. 89% d'entre eux ont déposé leur bulletin dans l'urne pendant trois jours sous la surveillance du National Labor Relations Board, l’autorité fédérale en charge des relations sociales. Verdict ? 712 ouvriers ont refusé la création d'un syndicat contre 626. Les dirigeants syndicaux ont accusé le coup en ne manquant pas de stigmatiser les politiciens locaux qui ont agité le chiffon rouge en martelant qu'un syndicat était la première menace pour l'emploi. Mais, comme on dit, « vox populi, vox deï ».


A la place sera mis en route un comité d'entreprise. Ses membres aideront à représenter les employés, mais ce sera une organisation maison, non une structure extérieure comme un syndicat. Alors, arriérés ces indécrottables sudistes ? Le débat est ouvert...