Selon le Conseil économique et social, une personne se suicide chaque jour à cause du stress causé par son travail. De nombreux employeurs nient leurs responsabilités lorsqu’ils sont confrontés à des cas de suicide chez leurs employés, préférant mettre les gestes désespérés de leurs travailleurs sur le compte de la « fragilité émotionnelle » : depuis 2005, cette situation s’est produite dans de grandes enseignes telles que La Poste, EDF, PSA (Peugeot-Citroën) et Renault bien sûr, entreprise dans laquelle les trois cas de suicides ont été les plus médiatisés.

Chez Renault, les esprits s’échauffent : la responsabilité de l’ex-employeurs des trois personnes suicidées sur le Technocentre a été mise en cause hier, lors d’une conférence lundi dernier. Les trois employés Antonio, Hervé et Raymond se sont suicidés entre octobre 2006 et février 2007, à cause d’une pression terrible de la part de l’entreprise : selon le témoignage de leur famille respectives, les trois hommes travaillaient au Technocentre plus de dix heures par jour, sans compter les nombreux soirs où ils continuaient à travailler à la maison. Antonio et Hervé se sont donné la mort sur leur lieu de travail, et Raymond à son domicile, après avoir rédigé ces quelques mots : « Je ne suis qu’une merde, je vais être licencié. »

Les avocats des deux premiers employés ont réussi à faire reconnaître leurs suicides comme accident du travail. Celui de Raymond n’a pas été reconnu comme tel, mais les procédures sont en cours. Les avocats tentent aujourd’hui de faire reconnaître la faute de l’employeur devant le tribunal des affaires de la Sécurité Sociale : Maître Teissonnière affirme qu’il ne s’agit pas « d’une succession d’affaires individuelles, mais bien d’un drame collectif », et Maître Saada déclare qu’il faut « s’interroger sur l’organisation collective du travail », car « c’est la demande constante de performance qui a condamné ces trois salariés à l’échec. »

Le Ministre du Travail Xavier Bertrand a annoncé qu’une « enquête nationale » devrait s’ouvrir, pour déterminer les secteurs les plus exposés au stress professionnel.