Horacio Pagani poursuit une quête sans fin, visant la réduction du poids de ses créations. Ainsi, la structure s’articule autour d’une monocoque en carbone-titane. Cette dernière assure un poids minimal et une rigidité maximale.

Essai - Pagani Huayra : plaisir absolu

Le développement d’un bloc moteur étant très coûteux pour un manufacturier, Pagani a prolongé sa collaboration avec Mercedes-AMG, qui a fourni un V12 6 litres biturbo de 730 chevaux. Il s’agit du bloc animant les Maybach, considérablement retravaillé pour propulser à une vitesse vertigineuse une supercar de 1350 kilos. Il est couplé à une transmission séquentielle robotisée, qui pèse seulement 96 kg. Une transmission à double embrayage fut un temps envisagée, mais elle aurait alourdi la balance de 70 kg. Soyons honnêtes, le mince gain d’efficacité n’aurait pas été compensé, et la boîte telle qu’elle est offre un plaisir absolu et des performances redoutables. Montée en position transversale, elle permet de garder les masses au plus proche du centre de gravité de l’auto, réduisant ainsi l’inertie et le transfert des masses.


Essai - Pagani Huayra : plaisir absolu

L’innovation la plus remarquable se trouve au niveau de l’aérodynamique de l’auto, avec la présence à chaque extrémité de la carrosserie de panneaux articulés automatiquement. Associés au fond plat et à l’extracteur, ils assurent un comportement neutre en toutes circonstances et une aérodynamique parfaite. Pour vulgariser, disons que Huayra a été conçue selon les mêmes principes qu’une aile d’avion.



Essai - Pagani Huayra : plaisir absolu

Lorsque l’on se met au volant d’une telle auto, il ne faut pas oublier son prix, près d’un million d’euros hors taxes, et son exclusivité : 24 modèles produits par an, entièrement à la main. Cependant, la docilité de la Huayra enlève immédiatement toute pression. Les alentours de l’usine embouteillés ne lui posent pas plus de problèmes qu’à une F12 Berlinetta. Heureusement la route se dégage. Gaz ! Les turbos répondent dans l’instant. La grande ligne droite qui s’étendait jusqu’à l’horizon s’efface en quelques secondes. Souvenez-vous Star Wars et l’effet vitesse lumière. Il s’agit de la même chose ici, les sensations en plus. L'adrénaline peine à redescendre, surtout dans les courbes passées à des vitesses folles grâce au système de flaps aérodynamiques. Au début, il est un peu déconcertant de les voir s’agiter en permanence. Mais au bout de quelques kilomètres on s’y fait, essayant même de pousser l’auto à la faute pour voir comment ils vont interagir. Rien n’y fait, la Huyara ne peut être prise en défaut. Dans des conditions de roulage “normales” pour une supercar en tous les cas. Sur circuit avec les aides déconnectées, ce ne doit pas être la même chanson. Nous ne pourrons malheureusement pas le vérifier. En revanche, nous avons pu vérifier le mordant des freins en carbone-céramique lors d’un freinage d’urgence : ils agissent comme un uppercut en plein estomac. La métaphore est loin d’être galvaudée, le corps subit réellement un contrecoup violent. Cela n'entache pas pour autant le plaisir de parcourir à vive allure ces routes réservées pour l’occasion.


Essai - Pagani Huayra : plaisir absolu

La transmission répond en soixante millisecondes, soit dix millisecondes de plus qu’une Lamborghini Aventador. Cette différence sur le papier est-elle perceptible sur la route ? Non. Le double embrayage pourrait éventuellement se regretter lors de fortes accélérations pied au plancher et encore. Comme nous l’avons vu récemment sur la Ferrari F12 Berlinetta, le double embrayage a une tendance à lisser le passage des rapports et gommer quelque peu les sensations. De plus, la Pagani dispose d’un bonus par rapport aux autres supercars de sa génération : la présence d’un levier de commande robotisé, qui décuple le plaisir. Cette attention saura satisfaire les propriétaires avides de sport automobile. Toutefois, à grande vitesse et sur des routes sinueuses, on préférera garder les deux mains sur le volant et jouer avec les palettes.


S’il fallait trouver un défaut à cette Huayra, ce serait sa sonorité, loin des envolées lyriques et tétanisantes de la Zonda. Ici, le son est plus caverneux, moins noble. En cause bien évidemment la suralimentation. On appréciera toutefois le sifflement des turbos à pleine charge et cette sonorité bien particulière émise par la wastegate.