Nous partions avec de sacrés a priori concernant les américaines au moment de prendre la route. Lourdes, pataudes, peu performantes, gourmandes, telles sont les adjectifs qui qualifient en général les productions d'Outre-Atlantique.

Avec la Flavia, on peut dire que l'intégralité de ces clichés trouve malheureusement écho.


En effet, installé certes confortablement au volant, on a entre les mains un véhicule lourd, pataud, peu performant et gourmand... Carton plein.


Le côté pataud est clairement une conséquence de la souplesse des suspensions. Elles ont été raffermies par rapport à la 200C américaine afin de mieux coller aux goûts des automobilistes européens. Pas suffisamment manifestement, car les mouvements de caisse sont importants, et le châssis se tord comme du chewing-gum à la moindre velléité d'appui sur la pédale de droite.

Le comportement est donc loin d'être rigoureux.

On profite de la Flavia plutôt sur le mode balade, celui qui révèle un confort remarquable. Confort que l'on retrouve sur autoroute. Aux allures légales, on voyage relativement bien, dans un silence correct. Il faut d'ailleurs ici remercier la capote. Doublée, elle procure une bonne filtration des bruits d'air et de l'environnement. Par contre, et pour ouvrir une parenthèse, son fonctionnement est assez lent (29 secondes pour décapoter complètement) et la manœuvre n'est possible qu'à l'arrêt. Il faudra donc bien choisir son moment et son endroit pour découvrir. La Flavia est aussi livrée avec un efficace saute-vent, qui condamne comme souvent les places arrière lorsqu'il est en place. Fermons la parenthèse.


Des performances de citadine mais une consommation de V8


Essai vidéo - Lancia Flavia : pour sénateurs uniquement

L'épreuve routière révèle d'autres défauts encore, comme le manque d'allant du moteur. On est censé disposer de 170 ch, soit une puissance respectable. Mais l'on ne sait si c'est la BVA qui mange de la puissance ou le poids élevé qui sont en cause (1 765 kg), toujours est-il que les performances ne sont même pas celles d'une citadine. Les accélérations sont poussives, les reprises itou, le tout dans un vacarme assourdissant. Le 0 à 100 est annoncé en 10,8 secondes quand une VW Polo 1.2 TSI de 105 ch annonce 9,7 s. On est loin de ce que peut proposer la concurrence. Une Mégane CC 1.4 Tce de 130 ch réalise l'exercice en 10,7 s. Une Audi A5 cabriolet 1.8 TSI 170 ch en 8,9 petites secondes.

De plus la BVA est très mal étagée. Les 3 premiers rapports sont courts, et à partir du 4e le moteur semble s'éteindre. La réactivité n'est pas son point fort, et la possibilité de l'utiliser en mode séquentiel au levier n'améliore en rien la donne.


Pour finir, la consommation est une sorte de coup de grâce. Donnée pour 9,4 litres en moyenne par Lancia, elle sera en réalité plutôt à 12 litres. Une session dynamique (celle qui a révélé les faiblesses du châssis) s'est même soldée par un bon 18 litres. Les rejets de CO2 culminent à 221 g/km, ce qui lui vaut un malus de 2 300 € quand l'A5 de même puissance en BVA annonce 143 grammes. Une gifle...


En réalité, il ne faut pas prendre la Flavia pour ce qu'elle n'est pas. Ce n'est pas un cabriolet à conduire, c'est un cabriolet à balader, ce n'est pas une découvrable de route de montagne, mais une découvrable de nationale et d'autoroute. Elle ne peut donc pas renier ses origines US, et c'est à rythme de sénateur qu'elle doit s'apprécier.

En même temps, quoi qu'on en dise, la Dolce Vita ne se vit pas à 100 à l'heure, mais au rythme des gondoles, au pas donc... Même si on aurait aimé un peu plus de rigueur dans le comportement.