Après une brève pression sur le bouton de démarrage, le V8 s'ébroue. Une voix gutturale, très Barry White, qui grommelle à bas régimes et s'éclaircit à peine en montant dans les tours, en ajoutant ces délicieux crépitements au lever de pied une fois chaud. C'est pas mal, mais un peu étouffé, presque discret. C'est parce qu'il existe un bouton magique, une option à 2 200 € et de série sur la S, qui ouvre la porte des enfers et des clapets dans l'échappement. C'est toujours Barry White qui donne de la voix, mais enroué, au réveil, en colère et avec un orchestre exclusivement constitué de basses de death metal derrière lui. Quelques pressions de la pédale de droite suffisent pour constater que l'inertie du moteur est inexistante et pour faire dresser les poils des bras sans même avoir fait un centimètre.


Pour démarrer l'essai, il convient toutefois de s'extirper d'un parking fortement encombré et demandant quelques manœuvres autour de voitures aux tarifs confortablement dans les six chiffres. Habituellement un cauchemar pour des engins de cette catégorie, mais la GT s'en sort très bien malgré son peu de surfaces vitrées et des montants pour le moins proéminents, grâce à une caméra de recul au plan très large, un diamètre de braquage satisfaisant et une face avant verticale et au porte-à-faux minuscule permettant de savoir précisément où s'arrête la voiture. Et c'est une impression qui sera conservée tout au long de l'essai : la GT a beau être au ras du sol et faire quasiment deux mètres de large, jamais ses dimensions ne se montrent intimidantes, que ce soit dans les rues de centre-ville ou les routes de campagne les plus serrées.


Essai vidéo – Mercedes AMG GT : l'anti-Porsche 911 ?

Partant de Bordeaux, nous nous dirigeons en direction du sud est vers la région des Graves dans le but de trouver quelques virages loin de la civilisation, mais cela passe d'abord par un peu d'autoroute. Faisons donc contre mauvaise fortune bon cœur et commençons par déterminer si elle mérite véritablement son nom de GT. Le mode de conduite Confort le mérite déjà relativement : les suspensions ne seront jamais le qualifiées de souples et quelques imperfections de la route se frayent un chemin jusque dans l'habitacle mais sans pour autant perturber l'atmosphère sereine à bord. Les rapports s'enchaînent souplement et, à vitesse stabilisée, le ronron du V8 se fait oublier. Un excellent compagnon de voyage donc, surtout qu'après une cinquantaine de kilomètres au régulateur à 130 km/h, l'ordinateur de bord nous gratifie d'un très respectable 9,0 l/100 km de moyenne, à comparer aux 11,6 l/100 km relevés à bord d'une Nissan GT-R sur un exercice semblable. Finalement, le seul obstacle à des week-ends prolongés à l'autre bout du continent restera le volume du coffre, amputé par un bossage hébergeant la boîte de vitesses, et n'avouant que 280 litres, quand une Jaguar F-Type en offre 324 et une Porsche 911 125 mais avec deux places arrière pour recevoir l'excédent de bagages.


La sortie d'autoroute se profile enfin et il est temps d'opter pour un autre répertoire. Trois autres modes de conduite sont proposées : Sport, Sport + et Race, tous progressivement plus agressifs dans la fermeté des suspensions et les cartographies de moteur et de boîte, et plus permissifs au niveau de l'ESP. L'AMG GT change totalement de visage mais reste tout à fait saine : l'arrivée de la puissance est linéaire et la traction difficile à prendre en défaut, ce qui met en confiance, tout comme la direction précise et rapide, que certains trouveront peut-être un peu trop légère. Grâce à sa répartition des masses optimale et à son centre de gravité très bas, l'équilibre et la stabilité sont tout simplement extraordinaires : cette Mercedes fait partie des voitures bienveillantes donnant à son conducteur l'impression d'avoir beaucoup plus de talent qu'il n'en a vraiment, même sur routes humides. Avec 650 Nm sur la majorité de la courbe, la GT pourrait probablement s'en sortir même si sa boîte n'avait qu'un seul rapport. Ce n'est évidemment pas le cas puisqu'elle en compte sept avec des changements de rapport instantané, ce qui prouve qu'AMG a revu la boîte de fond en comble puisque c'était sa faiblesse dans la SLS. En ajoutant les deux, impossible de prendre la GT en défaut : quel que soit le rapport, quel que soit le régime, une flexion de la cheville droite et la poussée est immédiate dans ce bruit enivrant de Spitfire en rase-mottes qui annonce votre arrivée à des kilomètres. Au point doubler à 136 km/h pour 129 retenus une 208 de la Gendarmerie équipée d'un radar mobile mobile (l'une des trois qui viennent d'être livrées dans la région) sur une nationale limitée à 90, comme vous avez pu le découvrir dans le teaser de l'essai.