Le journal New York Times est au coeur d'un événement auto important : les trois véhicules alimentés à l'hydrogène réunis sur les lieux de l'écrasement du Hindenburg, l'HydroGen3 de General Motors, une Prius de Toyota et une navette Ford E-450. Quand le Hindenburg, le plus grand aéronef de l'histoire, la fierté de l'Allemagne nazie, s'est écrasé en flammes en 1937 à la base américaine de dirigeables à Lakehurst, 36 personnes ont perdu la vie et la réputation de l'hydrogène a été salie pour plusieurs décennies. Mais le New York Times explique que 70 ans plus tard, un nombre croissant de promoteurs de l'hydrogène en font une solution de rechange prometteuse au pétrole. Au cours de la dernière décennie, tous les grands constructeurs automobiles se sont ralliés à la promesse de l'hydrogène. Dans des douzaines de laboratoires et de centres de recherche, des scientifiques et des ingénieurs cherchent à réduire les coûts et à améliorer le côté pratique des véhicules alimentés à l'hydrogène. Les progrès sont tels que certains prototypes de véhicules roulent déjà quotidiennement, faisant la navette autour de Detroit, livrant des colis à Washington, desservant des circuits d'autobus dans les zones urbaines.

Afin de faire le point sur le progrès des véhicules à l'hydrogène, le New York Times a invité 10 entreprises qui font la promotion de l'hydrogène pour le transport personnel à apporter leur véhicule à la station de génie naval de Lakehurst. Devant les pressions croissantes en vue de réduire les rejets de CO2 dans l'atmosphère, l'anniversaire d'un événement marquant comme la destruction du Hindenburg semblait opportun pour jeter un regard sur ce que seront les autos d'ici une trentaine d'années.

Certains constructeurs se disaient mal à l'aise face au choix de l'endroit pour ce rassemblement. D'autres étaient sympathiques mais ne pouvaient apporter de véhicules parce que le calendrier des tests et présentations est plus achalandé que celui des candidats à la présidence des États-Unis. Les trois véhicules à hydrogène qui sont venus (tous par remorque, parce qu'il y avait pas de possibilité de faire le plein de carburant en chemin) n'étaient pas les plus récents modèles du circuit des salons de l'auto mais des véhicules en développement avec des milliers de kilomètres à l'essai sur leurs odomètres. Les trois véhicules alimentés à l'hydrogène rassemblés sur les lieux de l'écrasement du Hindenburg ainsi que d'autres voitures expérimentales conduites ailleurs, couvrent un large éventail de possibilités d'utilisation de l'hydrogène.

Sur les lieux de l'écrasement du Hindenburg, l'HydroGen3 de GM, une Prius de Toyota et une navette Ford E-450

HydroGen3 de General Motors

Les premiers véhicules GM à pile de combustible ont été présentés au public dans les années 1960. L'Electrovan de 1966 pesait 7100 livres (3227 kilos) et mettait 30 secondes à atteindre les 100 km/h. La recherche de GM sur les piles à combustible s'est accélérée au cours de la dernière décennie. Environ trois douzaines de véhicules et de voitures concepts ont été conçues, construites et testées par General Motors. Fondée sur la Zafira d'Opel, l'HydroGen3 est un design de troisième génération. Il a trouvé preneur dans plusieurs pays, faisant des démonstrations de l'avenir de l'hydrogène à Washington, transportant des colis à Tokyo et accumulant du kilométrage en Europe depuis trois ans. Étant donné son statut expérimental, GM n'a pas beaucoup cherché à réduire au silence les clics, bourdonnements et grognements des gaz pompés et convertis chimiquement en énergie électrique. En mode accélération, l'HydroGen3 émet un bruit semblable à celui d'une voiturette de golf en colère. Avec seulement 100 chevaux en réserve, elle met plus de 15 secondes à atteindre les 100 km/h.

Prius de Toyota

Sauf pour le lettrage extérieur, la Prius à hydrogène ressemble à s'y méprendre à sa cousine hybride à essence et électricité, et sa puissance est à peu près la même. Son moteur quatre cylindres de 1,5 litre est équipé d'un turbocompresseur et d'un refroidisseur d'air de suralimentation. La façon dont le carburant est mis en réservoir est inhabituelle, cependant. Les experts d'ECD Ovonics, l'entreprise qui a inventé les piles hybrides nickel/métal, ont mis l'accent sur l'utilisation de l'hydrogène solide dans des réservoirs remplis de métal poudreux. Deux réservoirs sous le plancher de la Prius sont remplis d'hydrogène en branchant un boyau de 1500 livres au pouce carré à un raccord standard de tuyauterie. Le réservoir a une capacité de 7,9 livres, assez pour rouler 320 km. À l'exception de quelques sifflements et vrombissements du turbocompresseur, la voiture rappelle en tous points la Prius hybride. Les essais démontrent une réduction de toutes les émissions du tuyau d'échappement sauf pour l'azote.

Navette Ford E-450

Selon Ford, les moteurs à combustion interne alimentés à l'hydrogène sont «un pont vers les piles à combustible, le propulseur de l'avenir». En association avec BP, Ford a construit une flotte de 30 navettes E-450. Dans sa conversion à l'hydrogène, une partie de l'aire des passagers a été emmurée pour abriter six réservoirs sous pression enveloppés de fibre de carbone, chacun ayant une capacité de 5000 livres de pression au pouce carré. Ce véhicule, il va sans dire, se conduit comme un autobus. Son V-10 costaud donne l'envie de démarrer sans délai. Le son du compresseur à suralimentation rappelle une sirène de police lointaine.

Source : New York Times